Parmi celles que j'ai entendues, je voudrais en mettre trois à l'honneur, car, si les hommes participent à ce débat, c'est d'abord aux femmes que nous voulons rendre hommage dans les difficultés qui peuvent être les leurs.
D'abord, je voudrais citer l'anthropologue Dounia Bouzar. « S'étonner de ce drap noir, c'est, nous a-t-elle dit, refuser de reconnaître ce type de comportement comme religieux : l'islam ne peut pas être une religion aussi archaïque qui enferme ainsi les femmes. S'étonner, être choqué, être offensé par le niqab, c'est respecter l'islam, c'est montrer que la France n'a pas une vision archaïque de cette religion. »
Ensuite, je citerai Sihem Habchi, l'enthousiaste présidente de Ni putes ni soumises, qui a prononcé des phrases si fortes. Pour elle, la burqa est bien le symbole le plus violent de l'oppression des femmes, et n'a rien à voir avec la religion musulmane, sa religion : « La burqa symbolise l'apogée d'un système de relégation des femmes qui prend sa source dans nos quartiers populaires. […] L'alternative est claire : c'est la République ou la burqa. » C'est cela que nous devons dire.
Enfin, je voudrais me référer à celle qui fut peut-être la plus réfléchie de toutes, la plus forte également, la plus impressionnante, Élisabeth Badinter : « S'agissant du principe de liberté auquel font appel certaines femmes qui portent le voile intégral, je souligne qu'à côté des “revendicatrices” qui s'expriment volontiers dans les médias, il y a toutes les autres, les soumises, les bâillonnées, celles que l'on ne pourra jamais entendre et en tout cas jamais entendre se plaindre. […] Comme seules les premières s'expriment, on oublie les autres, on fait comme si elles n'existaient pas. […] C'est à elles qu'il faut penser et à qui il faut donner les moyens légaux de se libérer. »
Le port du voile intégral est, pour elle, contraire aux principes de fraternité et de civilité. Les « revendicatrices » s'appuient sur « la liberté de se vêtir comme on le souhaite. […] Personne ne songe à les empêcher de mettre les vêtements qu'elles veulent […] Mais le visage n'est pas le corps et il n'y a pas, dans la civilisation occidentale, de vêtement du visage ».