Monsieur le président, madame la garde des sceaux, monsieur le ministre, mes chers collègues, comme le rappelait notre collègue Jean Glavany, nous avons participé loyalement et assidûment à la mission d'information sur le port du voile intégral. Nous avons découvert l'existence du voile intégral, il y a quelques années, au moment de la prise du pouvoir par les talibans en Afghanistan. Il n'existait alors ni en France ni ailleurs. Je précise que le voile intégral n'est pas la burqa afghane.
L'objectif de la mission d'information était de comprendre pourquoi le voile intégral était apparu dans notre pays et comment il était possible de lutter pour le faire disparaître. Il s'agissait non seulement de s'interroger sur la signification du voile pour celles qui le portent, mais de se demander en quoi il interpelle notre société et de réfléchir aux valeurs que la France se propose de déployer pour le monde entier. La tradition de la France, c'est l'universalisme. La tradition de la République, madame Besse, c'est l'universalisme, la reconnaissance d'individus libres et égaux en droits, et non des sujets d'une quelconque royauté ou des ressortissants d'un bro, comme dirait M. de Villiers.
Nous attendions beaucoup de la mission d'information, mais certainement pas des réponses préconçues. Après avoir entendu de nombreux experts et témoins, il est apparu que le meilleur moyen de lutter contre le port du voile, c'était de déployer la République, que le meilleur moyen de lutter contre le voile intégral, c'était la République intégrale, car toute atteinte à l'un des trois aspects du triptyque républicain entame le pacte républicain.
Nous avons donc été particulièrement déçus que vous n'ayez rien retenu de ce qui a été dit dans le cadre de cette mission, notamment sur les raisons du développement de pratiques radicales liées à des logiques de ghettoïsation, qui enferment et favorisent le repli communautaire. Rien dans ce que vous envisagez ne permet de lutter efficacement contre les logiques de ghettoïsation.
En fait de propositions, il n'y a que gesticulations, idées toutes faites. C'est pourquoi nous sommes pour l'intégralité du programme de cette résolution. Nous vous prenons au mot, car nous pensons que la République doit être exemplaire. La représentation nationale doit solennellement réaffirmer que les pratiques attentatoires à l'égalité entre les hommes et les femmes sont contraires aux valeurs de la République, que l'exercice de la liberté d'expression ne saurait être revendiqué par quiconque pour s'affranchir des règles communes au mépris des valeurs, des droits et des devoirs qui fondent la société. Il faut le rappeler à ces personnes qui, tous les samedis soir, s'expriment sur le service audiovisuel public et présentent leur vision différentialiste de la société en disant à quel point il est dangereux que les valeurs de la société se féminisent.
Nous sommes d'accord pour réaffirmer solennellement notre attachement au respect des principes de dignité, de liberté, d'égalité et de fraternité entre les êtres humains, sans considération de leur nationalité. Nous vous le rappellerons quand nous examinerons l'énième projet de loi sur l'immigration.
Nous sommes d'accord pour rappeler que la lutte contre les discriminations et la promotion de l'égalité entre les hommes et les femmes doivent être des priorités des politiques publiques menées en matière d'égalité des chances. Nous vous le rappellerons lorsque, en loi de finances, vous proposerez, comme vous l'avez déjà fait, de réduire les moyens de la HALDE. À cet égard, je rappelle que l'acceptation de la candidature de Mme Bougrab a été conditionnée au fait qu'elle s'engage à ne pas demander un euro supplémentaire pour la lutte contre les discriminations.
Tous les moyens utiles – et nous ne manquons pas d'idées – doivent être mis en oeuvre pour assurer la protection effective des femmes qui subissent des violences ou des pressions, mais nous ne les limitons pas aux femmes. Toutes les personnes victimes de violences et de pressions méritent la protection de la République. Or les personnes qui subissent de telles pressions sont, hélas, nombreuses, dans les quartiers qui se ghettoïsent : par exemple les conducteurs et les conductrices de bus. C'est de cela dont on nous parle dans nos permanences ; de la souffrance sociale, du déni d'égalité des chances face à l'emploi, à la promotion, à l'égalité professionnelle, à l'égalité salariale, à l'endettement.
Oui, nous sommes favorables à tout ce qui est réaffirmé dans cette proposition de résolution. Au nom de ces principes, nous ne voterons pas tout ce qui enfreindra ces principes que vous croyez utile de rappeler – mais personne n'est dupe. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)