Monsieur le président, madame la garde des sceaux, monsieur le ministre, mes chers collègues, plus de deux siècles après la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, soixante-deux ans après la Déclaration universelle des droits de l'homme, trente et un ans après la Convention internationale visant à l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, adoptée par les Nations unies, je ne pensais pas qu'en France, en ce 11 mai 2010, nous serions obligés de défendre le respect des valeurs de notre République, libre, égale et fraternelle.
Notre société connaît actuellement une crise profonde liée à des problèmes de coexistence. En effet, beaucoup de nos concitoyens s'interrogent sur leur avenir et sur le fait de vivre ensemble. À ce titre, le port du voile intégral pose plusieurs problèmes. Le premier tient au fait que le visage humain participe du vivre ensemble dans une société démocratique.
Le visage découvert est de plus une condition nécessaire pour que la sécurité des personnes puisse être assurée. Un enseignant doit par exemple pouvoir reconnaître la personne à qui il remet un ou plusieurs enfants.
À ce stade, il me paraît important de préciser que le port du voile intégral n'est pas une prescription religieuse. Les représentants de l'islam en France l'ont affirmé, et cela est reconnu par tous. La burqa est même, selon le spécialiste de l'islam et politologue français Olivier Roy, une invention ou pratique récente du mouvement intégriste salafiste dans les pays du Golfe et au Pakistan.
Ce voile intégral accentue ainsi violemment la tradition séculaire du purdah. Le port de la burqa outrepasse largement cette tradition et ne se fonde sur aucune prescription coranique. La burqa est « le symbole de l'oppression sur les femmes par ceux qui luttent contre la mixité ».
Ainsi, en portant atteinte au respect de la femme et à la dignité humaine, valeurs fondamentales de notre société, le port du voile intégral ne peut pas être considéré comme « acceptable » et constitue non seulement une pratique contraire à l'ordre public mais un acte de défiance à l'égard de la communauté nationale.
Alors que le port du voile était totalement inconnu dans notre pays il y a moins de dix ans, nous assistons actuellement à une montée en puissance de cette tenue. Parmi les femmes qui l'arborent, nous ne devons pas ignorer celles qui le font uniquement sous contrainte.
Pour échapper à ce carcan, nombre d'entre elles souhaitent, désirent et attendent avec impatience qu'une politique commune des pays européens soit mise en place pour interdire ce vêtement de soumission. La Belgique est devenue le premier pays européen à bannir tout vêtement cachant totalement ou de manière principale le visage. Mais la Belgique n'est pas isolée dans sa démarche. Au Danemark, après six mois de débats, le gouvernement a décidé, fin janvier, d'encourager toutes les restrictions au port du voile intégral dans les lieux publics et, parallèlement, a annoncé qu'il préparait une loi punissant jusqu'à quatre ans de prison les personnes jugées coupables d'imposer le port de la burqa. En Italie, une loi interdit depuis 1975 d'avoir le visage masqué en public et est utilisée aujourd'hui pour prohiber le port du voile intégral. Enfin, aux Pays-Bas, le débat est en cours sur une interdiction générale de la burqa.
L'adoption d'une résolution sur l'attachement au respect des valeurs républicaines face au développement de pratiques radicales qui y portent atteinte est un acte symbolique, fort et primordial. En effet, il s'agit pour nous, élus de la nation, de réaffirmer solennellement, et je l'espère de façon unanime, notre attachement inébranlable aux valeurs et fondements de la République française.
Nous ne devons pas, sous la pression d'un courant d'un islam rigoriste, abandonner ces femmes qui retournent à des pratiques et à des coutumes d'un autre temps. Ne rien faire, ce serait bafouer le principe de l'égale dignité de l'homme et de la femme. Ce serait tolérer l'intolérance. Ce serait favoriser l'amalgame entre islam et islamisme. Ne rien faire, ce serait montrer notre faiblesse face aux manifestations provocatrices du radicalisme religieux dont la burqa est l'étendard. Ne rien faire, ce serait décevoir l'immense majorité de nos concitoyens qui demeurent choqués par l'expression sur le sol national de l'intégrisme radical. Ne rien faire, enfin, ce serait trahir les soldats français qui se battent en Afghanistan afin de mettre un terme à la tyrannie des talibans et qui le paient de leur vie.
C'est pourquoi j'apporte un soutien sans réserve à l'initiative de Jean-François Copé et souhaite, mes chers collègues, que vos convictions se traduisent par un vote unanime en faveur de cette proposition de résolution. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)