Monsieur le président, madame la garde des sceaux, monsieur le ministre, mes chers collègues, en juin 2009, la mission d'information, composée de cinquante-sept députés de gauche et de droite, a jeté un pavé dans la mare pour tirer de l'indifférence et de l'aveuglement les responsables politiques de ce pays, en particulier ceux qui jouent aux apprentis sorciers en s'accommodant du communautarisme
Après vingt ans de laisser-faire, la population en a marre. Un malaise profond s'est installé, y compris chez les musulmans, depuis l'apparition dans les rues de fantômes, de cercueils ambulants, de femmes portant de véritables muselières, illustrant ce que j'appelle l'apartheid au féminin.
La mission a débouché sur un rapport exceptionnel qui met en évidence la gravité de la situation et est devenu une référence au niveau international. Ce rapport montre que le voile intégral, partie émergée d'un iceberg fait de pratiques radicales, d'archaïsme et d'intégrisme, constitue autant l'étendard de mouvements communautaires et radicaux qu'une pratique opposée aux valeurs de la République qui rend urgente l'exigence de protéger et de libérer les femmes. Cet état des lieux est partagé par toutes les sensibilités politiques.
Quelles que soient nos contradictions, nos oppositions partisanes – droite ou gauche –, la République permet ce ciment autour de nos valeurs et de nos idéaux, le fondement de notre civilisation. Il n'y a pas de place pour les calculs politiciens et électoralistes.
Avec le fondamentalisme, une idéologie barbare de même nature que la « bête immonde » née du ventre fécond des années trente se développe avec ce que j'appelle des talibans français, qui instrumentalisent l'islam et le religieux.
Cette résolution sera une marque forte, une nouvelle étape après la loi de 2004, à la suite du rapport de Bernard Stasi. La loi que propose le Gouvernement sera, je crois, une loi de libération pour les femmes, pour nos enfants, alors que, dans certains territoires, c'est la charia qui règne. Interdire d'avoir le visage couvert dans tout l'espace public, c'est pour moi un enjeu de civilisation.
Il est fondamental que les Républicains de gauche et de droite se retrouvent pour défendre ce qu'il y a de meilleur depuis le Siècle des Lumières, car c'est à nous tous qu'est posée cette question.
Depuis que, il y a trois ans, j'ai écrit mon livre Les Ghettos de la République, j'ai, chevillée au corps, la conscience qu'il est temps, grand temps de réagir aux dérives, voire à la décomposition politique et sociale de la société française. Il y a eu l'électrochoc des présidentielles de 2002, les émeutes de novembre 2005 – le bilan reste à faire pour savoir combien de symboles de la République ont été visés dans les 800 communes touchées. La paupérisation économique et sociale, la paupérisation morale et culturelle, conséquence d'un capitalisme financier ravageur, est surtout l'objet d'une instrumentalisation de la part d'une minorité de gourous intégristes, qui s'en nourrissent, alors que se développent les mafias, les trafics de drogue, les fondamentalistes musulmans, les difficultés de l'intégration et de la misère.
En 2004, l'affaire de l'imam Bouziane m'a convaincu que la gangrène avait commencé avec des poches talibanes dans notre pays, qui combattent la République, qui développent un racisme anti-France et anti-blancs. Je veux témoigner du discours de l'iman Bouziane et d'autres qui travaillent comme des taupes dans les quartiers.
Pour moi, livrer ce combat, c'est tendre la main à la majorité des musulmans qui veulent vivre paisiblement. C'est donner à l'islam, deuxième religion de France, une place digne, dans les principes de la loi de 1905 – mais, je le dis à ma manière, à un islam « républiquement compatible ».
Aujourd'hui, combattre le communautarisme, c'est une question de courage et de volonté politique. C'est le rendez-vous des Républicains. Nous devons refuser le communautarisme, dont certains s'accommodent parfois, à gauche et à droite. En votant cette proposition de résolution et le projet de loi qui nous sera proposé, nous choisissons, selon moi, la République contre la barbarie. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)