Madame la garde des sceaux, votre intervention, votre détermination et votre engagement sont ô combien essentiels à ce débat. Le visage de la France, c'est le visage d'une femme ; les fondements de notre République, ce sont ses valeurs, ses principes, ses engagements de toujours. Aujourd'hui, nous devons avoir le plus grand respect pour cette question, car nous avons besoin d'une société d'égalité, de confiance, de tolérance, de respect.
L'égalité entre les hommes et les femmes est précisément la pierre angulaire de la démocratie moderne que nous voulons construire. C'est une victoire de la démocratie qui nous oblige à garder cet engagement permanent, surtout lorsque, partout dans le monde, des femmes sont encore les premières victimes des violences, lorsque, au coeur de l'Europe, des femmes se battent encore pour concilier vie professionnelle et vie familiale, et lorsque des femmes sont confrontées à des pratiques extrémistes qui les privent de leur identité, de leur voix et jusqu'à leur visage.
Agir, réagir, avons-nous le choix ? Avons-nous le choix, alors que les symptômes de la régression des femmes font irruption dans la rue et dans l'espace public ? On ne survit pas dans le renoncement ; c'est le courage qui fait l'histoire ; à cette même tribune, Simone Veil nous a appris la première que seules les décisions courageuses forgent le destin des femmes. C'est le courage aussi de notre groupe parlementaire qui s'est engagé résolument, sans hésiter, à faire en sorte que nous relevions un défi majeur pour une démocratie moderne désireuse d'être en phase avec son temps. C'est aussi le courage du Gouvernement et du Président de la République, qui ont décidé de réagir de manière claire, cohérente, dans le cadre, rappelons-le, d'une année consacrée aux droits des femmes.
La burqa est évidemment incompatible avec les valeurs de la France et de la démocratie. La démocratie, c'est le partage des droits et des devoirs, pas le séparatisme. L'espace public, c'est la tolérance, la reconnaissance, pas le retranchement. Vous l'avez dit vous-même, madame la garde des sceaux, la démocratie se vit à visage découvert. Notre cadre républicain est bien le respect de la personne, pas sa négation, le rassemblement, pas la division. Ce constat est partagé par la communauté musulmane, avec laquelle il est absolument nécessaire d'envisager une pédagogie active et de rechercher les voies d'une solution efficace et apaisée.
Fallait-il attendre ? Évidemment non ! Les droits des femmes n'attendent pas, et nous avons aujourd'hui des réponses fortes à donner. Il faudra d'ailleurs aller plus loin et poursuivre la politique de l'égalité jusqu'à toucher les femmes dans leur isolement, dans leur marginalisation. Nous sommes tous attachés à ce que, à tous les niveaux, l'égalité devienne un principe actif d'une démocratie moderne. J'ose espérer voir un jour un ministère de l'égalité et des droits des femmes, que nous sommes nombreux à souhaiter. (Exclamations sur divers bancs.)