Dans son fondement même, le débat sur le voile intégral n'est pas un débat sur la place des religions dans notre pays. Sur cette question, du reste, comment être plus clair que ne l'est déjà l'article 1er de notre Constitution : « La République respecte toutes les croyances » ? Autrement dit, car il ne saurait y avoir aucun malentendu sur ce point, la religion musulmane a bien, comme les autres, toute sa place en France.
Oui, le débat sur le voile intégral est en réalité un débat sur la place et le rôle de la femme dans la société, sur ses droits dans la République. Le port du voile intégral nous choque en ce qu'il nous renvoie l'image d'une société où, pour survivre, la femme en serait réduite à se placer sous la protection et sous la domination d'un homme, père ou époux. Cette conception de la société n'a pas sa place dans notre pays.
Refuser l'asservissement des femmes à qui le port du voile intégral se trouve autoritairement imposé, ce n'est pas chercher à dresser une catégorie de Français contre une autre ; c'est au contraire proclamer et faire vivre ce qui nous rassemble, ce qui fonde notre projet républicain, notamment ce principe d'égalité entre hommes et femmes.
Ayons aussi le courage de le reconnaître, la République n'a pas, au long de son histoire, toujours été exemplaire sur ce point, tardant notamment à reconnaître aux femmes le droit de vote. Cette époque est révolue depuis longtemps, et si beaucoup reste à faire, il n'en demeure pas moins que le principe d'égalité entre hommes et femmes s'est désormais bel et bien imposé comme l'un des points cardinaux de toute action publique.
Mes chers collègues, le port du voile intégral constitue tout à la fois : un déni de liberté lorsqu'il a lieu sous l'effet de la contrainte, que celle-ci soit patente ou diluée dans un environnement social ; une négation de l'égalité entre citoyens qui dépouille la femme de son identité, quand ce n'est pas de son humanité ; le refus affiché de l'idéal de fraternité, une volonté de se soustraire au vivre-ensemble républicain.