Comme vous le savez, un enfant se construit de la naissance à six ans, et de nombreux sociologues soulignent l'importance de l'éveil et de la socialisation dès le plus jeune âge.
La Guyane connaît une forte dynamique démographique. Nous enregistrons, en moyenne, 6 000 naissances par an. En janvier 2010, le nombre d'enfants âgés de moins de trois ans s'élevait à 16 000 et celui entre trois et six ans à 21 000. Or actuellement, il existe au total 1 367 places d'accueil dont 674 pour le milieu associatif, 383 pour les assistantes maternelles et 310 pour les collectivités locales. Vous constaterez comme moi le manque criant de places : 13 % des enfants seulement ont accès aux structures agréées ; le reste se trouve, peut-être, dans des structures « sauvages », dans des locaux mal adaptés, sans activités d'éveil et sans personnel qualifié.
Les crèches associatives, quant à elles, font face à de graves difficultés financières et la plupart font l'objet de poursuites judiciaires.
Par courrier en date du 23 février dernier, je vous ai alerté sur l'inquiétude à cet égard de la fédération départementale des structures d'accueil de la petite enfance en Guyane. Elle redoute qu'à terme, avec la mise en place de la prestation de service unique, les responsables des structures associatives soient obligés de sélectionner les parents, n'accueillant que ceux qui peuvent inscrire leurs enfants à temps plein et qui sont financièrement solvables, tout simplement parce que les crèches ne pourront survivre financièrement avec ce système de « garde à la carte ».
Cela ne manquera pas de renforcer les inégalités sociales dans notre territoire économiquement hétérogène. Nul doute, madame la secrétaire d'État chargée des aînés, que cette inadaptation de la politique de la petite enfance et de la famille participe à l'échec scolaire en Guyane !
S'agissant des crèches, les solutions existent pour pouvoir sauvegarder les structures existantes, pérenniser leur activité et créer de nouvelles places. Pour cela, il faudra des mesures incitatives comme l'ouverture des discussions concernant la question des dettes sociales ainsi que l'arrêt des poursuites judiciaires. Ces établissements devront bénéficier, eux aussi, du dispositif d'exonération des charges sociales prévu par la LODEOM que nous avons votée, chers collègues. En outre, il faudra revoir le prix plafond fixé pour la Guyane au regard du coût de la vie.
Je souhaite enfin, et avant tout, qu'une mission d'inspection soit diligentée en Guyane, à l'instar de celle envoyée aux Antilles, afin de dresser l'état des lieux du secteur en vue d'adapter la politique de la famille et de la petite enfance à la réalité de la région et de concrétiser, pour notre territoire, votre volonté affichée « d'offrir à chaque enfant une solution de garde adaptée à ses besoins et aux souhaits de ses parents ».