Madame la ministre, vous vous êtes beaucoup investie dans ce dossier, et nous étions nombreux à assister aux états généraux sur ce thème, au cours desquels nous vous avons entendue prendre des engagements très forts devant les étudiants en médecine.
On affirme avec force que la médecine générale doit devenir une spécialité à part entière. De même, on a demandé, il y a quelques années, que les urgences soient reconnues en tant que spécialité, et il a fallu pour y parvenir surmonter beaucoup d'obstacles et combattre nombre de conservatismes, ceux-ci provenant bien souvent – il faut le reconnaître – de la faculté. Mais ils étaient le fait aussi des hôpitaux. Pendant longtemps en effet, les crédits, pourtant expressément destinés aux services d'urgence, étaient généralement affectés à d'autres parce que l'on considérait que les urgences étaient des services inférieurs aux autres. La situation s'est plutôt améliorée sur ce point.
Nous devons faire montre de la même détermination politique s'agissant de la médecine générale. Nous sommes, en effet, parfaitement informés sur les perspectives démographiques extrêmement sombres, rappelées lors de précédents débats, qui menacent l'accès aux soins ; nous savons aussi que peu d'étudiants choisissent aujourd'hui la spécialité de médecine générale. Nous devons reconnaître qu'il n'y a toujours pas, à l'heure actuelle, de titulaires universitaires de médecine générale. Les bruits relatifs à la rentrée 2009, en la matière, ne nous rassurent pas. Il semblerait, en effet, que l'on ne comptera, alors, que sept professeurs de médecine générale pour trente-cinq facultés en France. S'il n'y a pas au moins une chaire par faculté, cette mesure sera d'autant plus difficile à appliquer. Nous devons donc parvenir, dans les trois ou quatre années à venir, à nommer au moins un professeur de médecine générale par faculté.
Dans le même temps, alors que le nombre d'étudiants croît en raison de l'augmentation mécanique du numerus clausus, le nombre d'enseignants associés, qui était déjà très bas, n'est même pas accru à proportion de cette augmentation. Les vingt postes nouveaux de maîtres de conférence dont fait état le ministère ne correspondent, dans les faits, qu'à dix créations, les dix autres postes étant uniquement destinés à des remplacements pour fin de mandat ou démission.
Les enseignants associés sont la cheville ouvrière de l'internat de médecine générale. Ils sont maintenant 130 pour plus de 6 000 internes de troisième cycle et ils doivent faire face, à cette rentrée, à une augmentation de 25 % des effectifs, ce dont on peut d'ailleurs se réjouir. Le ratio enseignants-étudiants, déjà dix fois inférieur à celui des autres disciplines, va encore baisser.
Comment organiser dans ces conditions, madame la ministre, le stage de médecine générale en deuxième cycle ? En effet, pour donner le goût de l'exercice d'une spécialité, il faut qu'elle soit connue très tôt. Si, comme vient de le souligner notre collègue Préel, ces stages étaient effectués en deuxième cycle, en médecine urbaine ou rurale, ils donneraient à nos étudiants, qui se sentent de plus en plus protégés, mais aussi confinés dans l'univers extrêmement médico-technique de l'hôpital, le goût de pratiquer cette très belle spécialité. Il est donc essentiel que ces enseignants associés soient reconnus à leur juste valeur, car l'enseignement sur le terrain a un coût.
Comment également assurer l'encadrement de tous les internes et constituer le jury de validation de leur diplôme spécialisé avec des effectifs aussi pauvres ? Nous demandons donc que soient nommés à des postes d'enseignants associés les trente enseignants supplémentaires reconnus aptes par le Conseil national des universités.
Nous craignons, madame la ministre, que votre détermination demeure sans effets, au vu de l'effort budgétaire minime consenti en faveur d'objectifs tout à fait fondamentaux.