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Intervention de Christian Estrosi

Réunion du 22 novembre 2007 à 15h00
Stabilité des institutions et transparence de la vie politique en polynésie française — Discussion générale commune

Christian Estrosi, secrétaire d'état chargé de l'outre-mer :

Monsieur Vaxès, vous avez évoqué, quant à vous, les enjeux stratégiques de Polynésie française. Je vous remercie pour la qualité de votre intervention, même si je ne partage pas tout. En tout cas, vous avez démontré votre volonté, et celle de votre groupe, d'apporter des réponses aux problèmes que connaît la Polynésie française depuis quelques années. Oui, il appartient aux Polynésiens de prendre leur destin en main. C'est ce que nous faisons en leur rendant la parole.

Vous avez parlé de la dette de la France. Nous en sommes parfaitement conscients. L'effort aujourd'hui consenti vise à favoriser l'épanouissement de la Polynésie. Vous voulez que l'aide profite à tous les Polynésiens : c'est aussi le souhait du Gouvernement, c'est d'ailleurs l'objet du contrat de projets, qui vise le logement, l'assainissement, la protection des populations face aux risques, c'est aussi l'objet de l'allocation logement, dont j'ai annoncé la mise en place si le territoire en décide également ainsi.

Vous avez indiqué que vous adhériez totalement aux mesures de transparence de ce texte. Vous m'avez fait cependant savoir que vous ne le voteriez pas parce que vous désapprouvez la date retenue pour les élections. Mais nous avons fait ce choix pour aller précisément plus vite dans la relance du territoire et pour résoudre tous les problèmes que vous avez soulevés. En tout cas, je respecte votre décision et je vous remercie pour la modération de votre intervention. Elle était conforme à l'attitude que vous avez traditionnellement au sein de cet hémicycle.

Je tiens également à remercier Pierre Frogier, président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie et député de la Nouvelle-Calédonie à l'Assemblée nationale. Je le sais, monsieur le député, Gaël Yanno s'est associé aux propos que vous avez tenus à cette tribune. Vous avez évoqué l'histoire partagée du Pacifique, vous qui êtes si attaché aux îles Loyauté, à cette circonscription du nord que vous représentez avec tant de dignité et d'honneur dans cet hémicycle, vous qui êtes si attaché à l'ensemble des trois provinces dans leur grande diversité. Vous avez rappelé ce que chacun pouvait ressentir aussi bien aux Tuamotu, aux Marquises qu'aux îles Loyauté, à Ouvéa ou à Nouméa. L'esprit du Pacifique, c'est cette histoire partagée, la volonté de défendre un héritage et un patrimoine, et la transmission, de génération en génération, de coutumes et de traditions qui définissent une identité et une culture authentique.

Vous avez fait mesurer à la représentation nationale combien il était important de donner à chacun sa chance, comme cela a été fait avec les provinces, en Nouvelle-Calédonie.

Vous avez évoqué l'opportunité de créer des conseils des archipels en Polynésie française. Je suis ouvert à cette proposition, défendue par certains depuis plusieurs années et dont m'ont déjà entretenu un grand nombre de maires des archipels. J'étudierai la question avec l'ensemble des parlementaires et des maires de la Polynésie française pour la prochaine loi organique que je proposerai au printemps 2008.

Vous avez beaucoup insisté – c'est, en effet, un sujet fondamental – sur ce que peut représenter pour la France, donc pour la Polynésie française, pour la Nouvelle-Calédonie mais aussi pour Wallis-et-Futuna, une grande politique régionale dans le Pacifique, aux côtés de la Nouvelle-Zélande, de l'Australie, du Chili, mais aussi des îles Fidji, des Samoa ou des îles Tonga – où, pour la première fois, la France était l'invitée d'honneur du forum du Pacifique et où, m'exprimant au nom de l'État français et du Président de la République, j'ai mesuré combien grandes était les attentes à l'égard de la France.

Tout ce qui peut être délégué doit l'être, monsieur le député, et la présidence française de l'Union européenne, en 2008, doit nous y aider. Pourquoi ne pas déléguer à la Polynésie française et à la Nouvelle-Calédonie la mission de mener des politiques régionales avec nos partenaires dans l'espace Pacifique ? C'est primordial en matière de compétitivité, d'innovation industrielle, mais aussi pour l'enseignement supérieur, domaine où doivent être mis en place des partenariats.

Je souhaite que nous bâtissions ensemble, en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie, un grand pôle de compétitivité qui fédère l'université et les laboratoires de recherche publics et privés, pour travailler notamment sur la biodiversité, l'une des plus riche de notre espace national.

Vous défendez de toutes vos forces l'inscription du lagon de Nouméa, votre récif corallien, au patrimoine mondial de l'Unesco, tout comme nous défendons, cher Bruno Sandras, celle des îles Marquises.

Vous avez rappelé la place que l'État doit occuper à vos côtés, dans le respect de l'autonomie, tant en Polynésie qu'en Nouvelle-Calédonie. C'est dans cet état d'esprit que le Gouvernement entend agir.

Je veux aussi remercier Didier Quentin, grand connaisseur de nos outre-mers. Rapporteur d'un grand nombre de textes, il a participé aux débats, en commission et dans l'hémicycle, de manière constructive, soutenant la position du Gouvernement et la complétant par ses propositions. Il est précieux qu'un député de métropole, attaché comme il l'est à la défense des outre-mers, soit présent lorsque de tels textes sont en discussion.

À tout seigneur tout honneur, je terminerai par nos deux députés de Polynésie française, qui, l'un et l'autre, ont fait honneur à leur territoire à cette tribune.

Cher Michel Buillard, merci d'avoir approuvé à la fois le calendrier que nous proposons et le mode de scrutin à deux tours ; merci pour votre soutien sur l'ensemble des textes. Autonomiste convaincu depuis de longues années, vous avez dénoncé les reniements idéologiques qui ont fragilisé le rôle des élus au sein de l'Assemblée de la Polynésie française, compromis la stabilité politique comme la prospérité de la Polynésie, et jeté la suspicion sur l'ensemble de la classe politique polynésienne. Il est injuste, en effet, que, par la faute d'un seul, tous deviennent suspects. Je tiens donc à saluer ici l'immense majorité des élus de Polynésie et à dire ici aux Polynésiens que leurs parlementaires, comme la plupart de leurs représentants à l'Assemblée de la Polynésie française et de leurs maires – qu'ils soient de gauche ou de droite –, font honneur à la Polynésie française.

S'ils sont victimes de la suspicion, c'est que les institutions de la Polynésie française ne disposaient pas jusqu'à présent des outils permettant de garantir la transparence, cette transparence que vise à instaurer notre réforme. Grâce à elle, demain, la suspicion sera levée, chaque élu pourra agir avec honneur et dignité devant l'ensemble de ses compatriotes, dans la confiance retrouvée.

Vous avez dénoncé des retards, notamment en matière d'assainissement de l'eau potable. Je sais le travail considérable que vous avez accompli, et je sais à quel point la tâche est ardue lorsque l'on est maire de Papeete, qui a vu affluer ces dernières décennies la foule venue des archipels en quête d'un logement, d'un travail, d'une université pour ses enfants. Dans un tel contexte d'explosion démographique, l'aménagement du territoire et la gestion des équipements publics sont d'autant plus difficiles qu'on manque d'outils et de soutiens, que l'on n'a ni les compétences ni les ressources nécessaires.

Malgré cela, vous avez relevé des défis qui ont démontré ce dont vous étiez capable dans l'adversité. Si vous soutenez notre réforme, c'est parce qu'elle renforce la compétence des maires. Je partage avec vous l'idée qu'il faut pour cela que, à côté d'un État fort, l'autonomie financière des communes soit assurée pour qu'elles puissent assumer les transferts de compétences. Avec l'ensemble des maires de Polynésie, et à leur écoute, nous bâtirons en 2008 un nouveau texte pour que cela soit possible.

Je vous remercie enfin d'avoir dénoncé si courageusement certains comportements.

M. Roman nous a interpellé sur l'hôpital. Savez-vous, monsieur Roman, que l'hôpital relève entièrement des compétences de la collectivité territoriale ?

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