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Intervention de Michel Buillard

Réunion du 22 novembre 2007 à 15h00
Stabilité des institutions et transparence de la vie politique en polynésie française — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Buillard :

Je soutiens également votre volonté, monsieur le secrétaire d'État, de partager davantage le pouvoir entre le pays et les communes. Il n'y a là nulle atteinte à l'autonomie du pays. L'autonomie s'exprime aussi au tout premier échelon de la démocratie locale : la commune. Plus l'autonomie communale sera développée, plus celle du pays sera forte et respectée. En effet, le manque de ressources propres des communes facilite les recompositions politiques d'opportunité et ternit l'image de l'autonomie.

Il importe également d'établir des critères objectifs d'attribution des concours financiers de la Polynésie française aux communes, afin de respecter la dignité des maires, qui ne doivent plus être tenus de quémander les moyens de réaliser leurs projets d'intérêt général, et des populations qui, où qu'elles soient et quelle que soit la couleur politique du maire, ont droit à la solidarité publique.

J'ai bien noté votre volonté de renforcer les compétences des communes. Je pense que les maires peuvent accepter ces transferts s'ils sentent un État fort à leurs côtés pour les conseiller. Mais ce qui importe au premier chef, c'est que ces transferts ne s'opèrent pas, comme en 2004, sans un transfert simultané de moyens. L'autonomie financière des communes polynésiennes est quasi inexistante. Elle ne supporterait pas de nouveaux transferts de compétences qui ne s'assimileraient qu'à de simples transferts de charges.

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, la Polynésie ouvre un nouveau chapitre de l'histoire de son autonomie. Un nouveau Président de la République a été élu. Une nouvelle équipe gouvernementale a été mise en place, qui a rapidement prouvé son attachement à l'outre-mer et à la Polynésie française.

Monsieur le secrétaire d'État, depuis votre prise de fonctions, vous êtes venu à quatre reprises à la rencontre des Polynésiens – de tous les Polynésiens. Vous les avez écoutés et vous avez compris qu'ils aspiraient à un renouveau de leurs perspectives d'avenir. Vous êtes venu présenter vos projets de loi. Quelle meilleure preuve de démocratie, de transparence, de bonne foi, pouvons-nous donner à notre population, à tous les Français et à l'État, que l'organisation de nouvelles élections ?

Je souhaite réfuter ici les affirmations de certains qui nous reprochent – qui vous reprochent, monsieur le secrétaire d'État – d'organiser ces élections dans le but de renverser un gouvernement indépendantiste. Faut-il rappeler que les deux derniers rendez-vous des indépendantistes avec les électeurs se sont soldés par deux échecs : aux élections présidentielles, malgré une mobilisation sans précédent du parti indépendantiste pour soutenir la candidature de Mme Royal ; aux élections législatives, qui ont vu, comme vous le savez, monsieur Le Roux, la défaite de M. Temaru dans la circonscription ouest – la mienne ! Je m'interroge, dès lors, sur la prétendue légitimité démocratique de ce gouvernement.

La Polynésie a dit non au programme de campagne de M. Temaru et aux accords de Tahiti Nui mentionnés par M. Dosière. La quête de légitimité, essentielle dans une démocratie, justifie l'urgence d'organiser de nouvelles élections. Faisons preuve de courage politique, n'ayons pas peur de redonner la parole au peuple polynésien. Les nouvelles règles qui entreront en vigueur lors des prochaines élections devraient, nous l'espérons tous, garantir à la fois le pluralisme des partis et la stabilité du gouvernement.

Je suis fermement convaincu que l'autonomie est le meilleur mode de gouvernance pour la Polynésie française. Ce ne sont pas les institutions qui sont en cause, mais bien une certaine pratique des institutions.

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