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Intervention de Pierre Frogier

Réunion du 22 novembre 2007 à 15h00
Stabilité des institutions et transparence de la vie politique en polynésie française — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Frogier :

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, pour des raisons historiques, géographiques – même si la Polynésie française est située à quelque 5 000 kilomètres de la Nouvelle-Calédonie – et personnelles, rien de ce qui se passe en Polynésie ne m'est indifférent, et n'est indifférent à la Nouvelle-Calédonie.

Grâce à son dynamisme, à son enthousiasme et à sa joie de vivre, la très importante communauté tahitienne qui vit en Nouvelle-Calédonie a contribué à bâtir la Nouvelle-Calédonie moderne que nous connaissons aujourd'hui. Or cette communauté, qui reste très attentive à ce qui se passe en Polynésie, est inquiète aujourd'hui. La réforme que vous proposez est nécessaire et urgente, monsieur le secrétaire d'État.

Que mes amis polynésiens pardonnent mon impertinence, mais ma conviction est que la cause réelle du dysfonctionnement des institutions et de la vie politique polynésiennes réside dans l'hypertrophie de la présidence de la Polynésie française. Une présidence qui, par son standing, sa toute-puissance, est devenue le seul enjeu politique. En effet, la seule question que se posent aujourd'hui les acteurs de la vie politique locale, c'est celle de savoir qui accédera au pouvoir suprême. C'est la dérive ultime du pouvoir personnel que l'on a vu à l'oeuvre ces dernières années.

Aussi ma seule ambition est-elle, ce soir, de contribuer à donner un peu d'air à la vie politique polynésienne. Pour ce faire, il convient, me semble-t-il, de mettre en oeuvre à l'échelon local une forme de décentralisation afin de rééquilibrer ce pouvoir central. L'autonomie des communes va dans ce sens, mais il faut aller au-delà.

Depuis 1989, la provincialisation a été instituée en Nouvelle-Calédonie pour restaurer la paix civile, favoriser le rééquilibrage et la répartition des pouvoirs. Certes, la situation est bien différente en Polynésie, mais ne serait-il pas raisonnable de prendre en considération la contrainte géographique pour réorganiser son équilibre institutionnel ?

Celle-ci est une étendue d'eau qui couvre la distance séparant Barcelone de Moscou, et les îles qui s'y trouvent ont une âme. Marquises, Gambier, Tuamotu, Îles-du-Vent : chacun de ces archipels a sa tradition, sa cohérence culturelle, ses spécificités et ses exigences. Il y a un peu moins de vingt ans, une initiative a été prise pour installer un conseil des archipels, mais celui-ci est, hélas ! resté à l'état de projet. L'un des moyens de retrouver la stabilité et la sérénité du débat politique serait certainement de confier à chaque archipel le soin de gérer ses propres affaires.

Ce débat est aussi pour moi l'occasion d'exprimer ma détermination à défendre la place de la France dans le Pacifique. Je souhaite qu'y soit menée une politique dynamique, confiante, plus cohérente et organisée autour des territoires français que sont Wallis-et-Futuna, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, ces dernières ayant d'ailleurs chacune leur cercle d'influence : l'une dans le Pacifique polynésien, l'autre dans le Pacifique mélanésien. C'est dans cet esprit que la France pourra mener une ambitieuse politique de coopération régionale économique, sportive, scientifique et culturelle, en s'appuyant notamment sur nos universités et nos instituts de recherche.

Mais pour atteindre cet objectif, il faut que l'État adopte une attitude cohérente vis-à-vis de ces collectivités et que l'on reconnaisse que la course effrénée à l'évolution statutaire a trouvé ses limites. À cet égard, les mesures proposées qui visent à accroître la transparence de la vie politique et à renforcer les contrôles juridictionnels, financiers et budgétaires sont incontestablement des avancées. En effet, l'autonomie à laquelle je suis attaché n'a de sens que si l'autorité de l'État s'exerce sans faiblesse. C'est à cette condition qu'en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie, l'État sera le partenaire impartial qui accompagnera nos collectivités dans le Pacifique, dans le respect de leur autonomie et dans la mise en oeuvre d'un projet commun. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

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