J'en conviens. En dépit de ces difficultés, qui sont réelles, nous persistons à penser que ce dispositif présente plus d'avantages que d'inconvénients et qu'une partie des inconvénients pourrait être réglée s'il était étendu aux PME. Par ailleurs, par expérience du monde de l'entreprise, dans des environnements très différents, je puis assurer que, contrairement, là encore, aux idées reçues, ce sont les salariés aux revenus les plus modestes qui épargnent le plus dans le cadre des dispositifs d'intéressement avec épargne.
Nous partageons l'avis selon lequel, dans l'approche paramétrique qui nous a été, à ce stade, fixée pour cadre de réflexion, même conjugués, le recul de l'âge légal de départ et l'augmentation de la durée de cotisation ne suffiront pas, selon toute vraisemblance, à rétablir l'équilibre des comptes. On peut dès lors légitimement se demander s'il ne faudrait pas élargir la réflexion. Pour l'heure, nous nous en tenons au cadre fixé par le Gouvernement.
Sur tous ces sujets, la dimension humaine et pédagogique est très importante. D'une manière générale, nos concitoyens, sauf peut-être les fonctionnaires, n'ont pas la moindre idée de ce qu'ils paient pour leur retraite ni de ce qu'ils toucheront, ce qui crée d'ailleurs un climat anxiogène. Si, à un moment où la visibilité est déjà faible, on remet tout sur la table dans le délai bref qui a été imparti, cela risque vraiment de susciter des problèmes. Il nous faut explorer tout le champ des possibles dans le cadre qui nous a été fixé – des points d'accord seront trouvés et des divergences demeureront, comme il est d'ailleurs normal en démocratie. Nous ne nous interdisons pas, dans un deuxième temps, de nous demander s'il n'y aurait pas lieu de réfléchir, dans un cadre totalement différent, à l'architecture globale de notre système de retraites. La dernière réforme des retraites menée en Allemagne, qui a notamment touché aux règles de l'emploi sur le marché du travail, a pris plus de deux ans. Si se fait jour une volonté partagée de s'orienter vers une telle réflexion approfondie, il faudra prendre le temps nécessaire et choisir le moment le plus opportun pour la mener. Nous ne sommes pas dogmatiques. Il est urgent de trouver des solutions aux difficultés actuelles des régimes par répartition. Cela n'exclut pas, si les conditions sont réunies, une réflexion de fond plus large.
Pour ce qui est d'une éventuelle fusion des régimes, vous me ferez certainement valoir que je suis partial, mais je l'assume. Force est de constater que les régimes complémentaires ARRCO et AGIRC, gérés par les partenaires sociaux, le sont bien mieux que les régimes publics gérés par l'État. C'est là un avis que les organisations syndicales semblent d'ailleurs partager avec nous. Nous sommes donc assez réservés à ce stade sur l'instauration d'un régime universel. Si devait un jour s'ouvrir une réflexion sur le sujet, elle devrait prendre place au sein d'une réflexion plus globale sur l'architecture même de notre système de retraites, où tous les aspects seraient abordés.