Nous pourrions trouver un accord sur le constat et le diagnostic, monsieur Pilliard, mais nous ne partageons pas votre volonté de ne rien demander aux entreprises. Pour nous, l'effort sera collectif ou ne sera pas.
Depuis plusieurs années, nous faisons tout pour améliorer la compétitivité dans notre pays, avec les résultats moyens sur l'emploi que nous connaissons. Nous ne sommes jamais parvenus à retrouver le plein emploi, malgré tous les efforts qui ont été faits en faveur des entreprises. Pourtant, vous nous proposez de les épargner à nouveau.
J'espère que nous reviendrons un jour sur les allégements de charges sur les bas salaires, car on s'interroge encore sur leur efficacité en matière de compétitivité et d'emploi.
Vous prétendez que le MEDEF n'est pas fermé, mais votre présidente ne manque pas une occasion de rappeler qu'elle ne souhaite pas alourdir les prélèvements des entreprises.
Vous parlez de compétitivité. Je parlerai, quant à moi, du pouvoir d'achat des salariés. Si nous leur demandons de nouveaux efforts, nous nous heurterons à de graves conflits.
Vous dites que les retraites sont d'un bon niveau dans notre pays, mais les retraites chapeau de quelques grands patrons font désordre, alors même que 50 % des retraites sont inférieures au SMIC. Dans la négociation, chacun devra être exemplaire s'il veut défendre ses positions de manière pertinente.
Vous proposez de compenser les retraites grâce à l'épargne salariale, mais celle-ci ne concerne que les grandes entreprises. Il s'agit en réalité de salaires déguisés, taxés à 4 %. Quel manque à gagner pour la sécurité sociale ! Est-ce raisonnable ?
J'espère que le MEDEF saura se montrer ouvert au cours des négociations. Vous avez réaffirmé votre choix de préserver la retraite par répartition : c'est la moindre des choses.
En ce qui concerne la fonction publique, vous nous dites que votre organisation n'est pas concernée mais, en filigrane, nous comprenons ce que vous en pensez quand vous dites souhaiter plus d'égalité dans les différents régimes de retraite.
S'agissant de la pénibilité, les organisations syndicales affirment que la négociation est au point mort, mais vous en avez discuté longuement, entre 2005 et 2008, sans jamais parvenir à un accord. Le Gouvernement, souvent prompt à reprendre les dossiers bloqués au niveau des organisations syndicales, n'a rien fait depuis et nous sommes sceptiques quant à la possibilité de trouver une solution dans le cadre de la réforme des retraites. Vous avez proposé quelques pistes. Pour nous, les personnes qui ont commencé à travailler à seize ans ou qui ont un métier pénible doivent pouvoir partir à soixante ans. Actuellement, 10 % des personnes de cinquante ans sont en invalidité ou en incapacité de travail, ce qui prouve qu'il y a encore dans notre pays des métiers pénibles.
Quelle est la position du MEDEF sur les dispositions de M. Laurent Wauquiez en faveur de l'emploi des seniors ? Quelle est la situation concrète dans les entreprises ? Nous avons l'impression que les plans sociaux se terminent toujours de la même manière, par le licenciement des plus âgés. Je l'ai encore constaté chez Caterpillar, à Grenoble. Ce n'est pas du tout ce qu'il faut faire. Nos concitoyens ont aujourd'hui l'impression qu'après cinquante ans, ils n'ont plus aucune valeur sur le marché du travail. Comment allez-vous responsabiliser les entreprises afin de faire évoluer ces pratiques ?