Dans un deuxième temps, j'aimerais vous faire remarquer que la paix historique conclue entre les adversaires de trente ans, Gaston Flosse, le champion de l'autonomie, et Oscar Temaru, le champion de la souveraineté, a permis le retour à la stabilité au sein des institutions de Polynésie.
Si votre constat concernant l'instabilité des institutions pouvait prévaloir au mois de juillet ou d'août, cela n'est plus le cas depuis que M. Flosse et M. Temaru ont décidé de mettre de côté leurs désaccords idéologiques pour travailler ensemble sur des projets de développement économiques et sociaux. Oscar Temaru avait lancé, en langue tahitienne, un appel à une « paix des braves », lors d'une séance à l'Assemblée de la Polynésie française, auquel le Tahoera'a a été le seul à répondre. Il s'agissait de travailler ensemble au bien du pays plutôt que de se complaire dans les divisions de partis. Les travaux de l'Assemblée de Polynésie française ont, depuis, gagné en qualité, comme je l'ai montré précédemment. Le respect des élus entre eux s'est également amélioré sans pour autant que le Tahoera'a perde son sens critique, ce qui est d'ailleurs un autre point positif.
Cependant, vous semblez refuser d 'admettre 1'avènement d'une nouvelle unité, là où régnaient les divisions. Dans tous les pays qui ont connu l'instabilité, la formation de gouvernements d'unité nationale a ramené la stabilité. Pourquoi une telle démarche serait-elle interdite aux Polynésiens ? Pourquoi condamneriez-vous a priori une formule qui n'a jamais été mise en pratique ces trente dernières années en Polynésie ? Vous vous apprêtez à dissoudre l'Assemblée de la Polynésie française, non pas à cause de l'étroitesse de la majorité, qui empêche celle-ci de diriger, mais parce qu'il s'agit d'une démarche politique inédite. Avant d'ouvrir les portes à de nouvelles formes d'instabilité, vous devriez tout de même vous demander si la situation actuelle n'est pas porteuse d'avenir, malgré son caractère transitoire !