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Intervention de René Dosière

Réunion du 22 novembre 2007 à 15h00
Stabilité des institutions et transparence de la vie politique en polynésie française — 5. question préalable sur le projet de loi n? 402

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRené Dosière :

…ce qui est plus contestable, c'est la corruption et les pratiques parfaitement illégales dont je citerai tout à l'heure des exemples.

Au fond, ce qui manque à la Polynésie, ce n'est pas un statut de plus, c'est de retrouver les idées fondatrices des premiers autonomistes – je pense à Pouvanaa Oopa, à Francis Sanford, pour n'en citer que deux –, qui avaient à la fois l'exigence de la rigueur, le souci de la modestie et de la défense de l'identité polynésienne. Sans doute était-il plus facile de prôner les vertus de l'ascèse et du partage à une époque où l'argent ne coulait pas à flots, comme le disait d'ailleurs Francis Sanford, le 7 juin 1977, dans son discours d'investiture : « Si nous voulons être solidaires des plus défavorisés, nous ne pouvons prétendre, pour nous-mêmes et pour nos familles, des revenus toujours en hausse […] ; il nous faut consentir à partager, donc choisir entre la satisfaction de nos appétits égoïstes et la solidarité à laquelle nous convient les immenses besoins de la communauté polynésienne. » Aujourd'hui, c'est beaucoup plus difficile à réussir : Oscar Temaru en sait quelque chose, lui qui a dû subir les demandes intéressées de nombre de ses alliés.

Il est vrai que la Polynésie a connu un important développement ces trente dernières années, notamment en matière d'infrastructures et sanitaire, mais on voit bien la fragilité – c'est-à-dire la dépendance – de cette économie et les inégalités qu'elle suscite en matière de travail, de logement, de revenus, de répartition équilibrée de la population. Il est d'ailleurs symptomatique de constater que, en 2003, le PIB par habitant était, en termes réels, au même niveau qu'en 1986, selon Christian Montet, professeur de sciences économiques à l'université de Polynésie. Ce qui importe en Polynésie, ce n'est pas un nouveau débat théorique entre indépendance et autonomie – après tout, en tahitien, il n'existe qu'un seul mot pour désigner les deux réalités –, mais un vrai débat sur les conditions d'un développement économique durable, solidaire : bref, autonome.

On voit bien que, dans les îles du Pacifique, les conditions économiques et sociales conduisent naturellement à des pratiques qui sont peu favorables au développement. Il est nécessaire de prendre des mesures adaptées. La loi organique de 2004, qui a affaibli les équilibres de pouvoirs à l'avantage du président et de son entourage, a eu une influence néfaste sur ce développement. Les corrections que vous tentez d'y apporter sont bien modestes et partielles. Il aurait fallu un texte plus complet.

Pour terminer, je laisserai la parole à un économiste local qui expose clairement les mesures à prendre : « Mettre en place les bases d'un capitalisme entrepreneurial, dynamique et concurrentiel, passe par une réforme donnant moins de pouvoir aux politiciens et laissant plus de place aux intérêts privés. La véritable réforme des institutions devrait contribuer à enclencher un vaste mouvement de suppression des tarifs douaniers et autres protections de rentes et de stimulation de la concurrence à tous les niveaux de la vie économique. » Autant d'aspects que votre projet n'aborde pas.

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