Monsieur le président, monsieur le ministre, si M. Vanneste s'est surpris à écouter l'Internationale, je me suis, quant à moi, surpris à reconnaître que je pourrais faire miens certains des propos qui ont été prononcés à cette tribune par mes prédécesseurs. En tout cas, nous devons tous rendre hommage à Alain Bocquet et au groupe GDR, auxquels revient l'initiative de ce débat qui nous permet d'affirmer notre ambition industrielle.
En 2012, lorsque nous serons majoritaires (Sourires), il nous faudra tourner la page de dix années de désindustrialisation, de renoncement. Je le dis à mes collègues de gauche : nous serons jugés sur notre capacité non seulement à rétablir la justice sociale, mais aussi à remettre notre industrie et l'emploi industriel au coeur de nos stratégies économiques et financières. La gauche, c'est l'industrie, c'est une ambition pour notre tissu productif. Lorsque la gauche oublie cette ambition, elle perd.
Pour vous, monsieur le ministre, la question ne se pose pas. Certes, vous tenez un discours sincère et volontaire, mais vous n'avez pas de politique industrielle. Tout à l'heure, en vous écoutant, je regardais François Loos, qui était assis dans l'hémicycle et qui a vous a précédé dans ces fonctions, au sein de la même majorité. Il était animé de la même volonté, de la même sincérité, du même courage politique que vous, et il a obtenu des résultats identiques aux vôtres, hélas !
Les chiffres sont éloquents. Les relations entre l'UMP et l'industrie n'ont pas débuté avec Nicolas Sarkozy ; on peut remonter à Jacques Chirac – c'est presque de la préhistoire. Entre 2002 et 2008, 500 000 emplois, soit 12 % des effectifs, ont été détruits dans l'industrie. En un an, entre septembre 2008 et septembre 2009, 173 000 emplois ont été supprimés. Ce phénomène, qui a débuté dans les années 1990 – au cours desquelles la gauche et la droite se sont succédé au pouvoir –, s'est poursuivi et amplifié, de sorte que – les orateurs précédents l'ont souligné – l'industrie ne représente plus aujourd'hui qu'une part marginale de la valeur ajoutée, alors qu'elle reste un élément déterminant en Allemagne et dans les autres pays de la zone euro.
Au-delà des chiffres, la crise de notre industrie est due d'abord à l'abandon de certains secteurs : le textile, l'habillement, l'électronique, la machine-outil, l'informatique, l'aluminium. Est-il besoin de citer ces groupes industriels qui n'existent plus – je pense notamment à Péchiney ? Lorsque Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'économie, était venu nous parler d'Alstom à cette tribune, nous avions été un certain nombre à lui demander : pour un Alstom, combien la France a-t-elle abandonné de Péchiney ? Demain, si le Gouvernement persiste dans cette voie, la chimie et, pourquoi pas, l'agroalimentaire pourraient être malmenés.
Qu'elle le veuille ou non, la France est engagée, par votre politique, dans une dérive postindustrielle, laquelle n'est pas fatale. Avant d'en analyser les causes et les conséquences, je veux rappeler que votre échec en matière industrielle relève d'abord d'une erreur de diagnostic. En effet, pour vous, la question de l'emploi industriel et de la désindustrialisation est d'abord celle du coût du travail. Depuis 2002, toute votre stratégie consiste en la quête d'une baisse des rémunérations dans le secteur industriel.