Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Christian Vanneste

Réunion du 28 avril 2010 à 15h00
Débat sur l'évolution de l'emploi industriel

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Vanneste :

Aussi, je remercie le groupe GDR d'avoir organisé ce débat : nous ne sommes sans doute pas d'accord sur les solutions, mais au moins pouvons-nous nous accorder sur le problème.

Quel est-il ? Il y a plus de dix ans maintenant, à l'époque de la prétendue nouvelle économie, certains voyaient la France devenir le grand pays des services, d'autres annonçaient des entreprises industrielles sans usines et Jeremy Rifkin pronostiquait la fin du travail. Depuis, on s'est aperçu que l'industrie et ses produits s'en vont avec les usines, que beaucoup de services sont liés aux industries et que la fin du travail, ce n'est pas le loisir, mais le chômage – chômage que, selon Alain Minc, la France aurait choisi.

Nous sommes nombreux à penser que, si l'essentiel de notre richesse est désormais dans les services, c'est dans l'industrie que se développent l'innovation, l'invention des véritables nouveaux produits et que se situe le moteur de la croissance et de l'emploi. Quand l'industrie crée un emploi, elle en crée deux dans les services.

C'est la première raison pour laquelle nous devons refuser le déclin industriel de notre pays. Celui-ci a perdu 500 000 emplois industriels depuis 2000. Si nous progressons dans la pharmacie ou la parfumerie, nous stagnons dans l'agroalimentaire et nous reculons dans le secteur des biens de consommation ou dans celui de l'automobile. Nous sommes faibles dans les domaines des biotechnologies et des TIC, et certains voudraient, en plus, nous faire ignorer les nanotechnologies !

Cette situation se traduit par un recul de notre pays sur le marché mondial. La part des exportations de la France dans celles de l'ensemble de l'Europe est ainsi passée de 16 % à 13 %. Le déclin de l'industrie a, certes, été accentué par la crise, mais il ne date pas de celle-ci. Il frappe d'ailleurs toute l'Europe, puisque la part de l'industrie dans la valeur ajoutée a chuté de 20,5 % à 17 % dans l'Union européenne entre 1995 et 2006, mais la chute est plus sévère dans notre pays, puisque – vous l'avez dit tout à l'heure, monsieur Bocquet – l'industrie manufacturière ne représente plus que 16 % de la valeur ajoutée, soit moins que la moyenne européenne.

Nous devons également nous battre pour l'industrie parce qu'elle représente une richesse humaine. Dans l'usine de Linselles à laquelle je faisais référence tout à l'heure, 50 % des ouvriers ont plus de cinquante ans. Beaucoup y ont passé leur vie, beaucoup en sont fiers. Un sondage récent de la SOFRES indiquait que, si l'entreprise est, pour les Anglo-saxons, un gagne-pain et, pour les Allemands, un lieu de valorisation par le travail, elle est, pour les Français, un lieu où se nouent des relations humaines. On comprend mieux ainsi ce qui se passe lorsque, dans certaines grandes entreprises, le traitement réservé aux salariés manque d'humanité.

Hier, le tribunal de commerce de Roubaix-Tourcoing a décidé de la sortie des chantiers Wauquiez de la procédure de sauvegarde. Il y a quelques mois, des ouvriers, des ébénistes de ce chantier naval situé en pleine terre, à Neuville-en-Ferrain, sont venus me dire qu'ils souhaitaient, non pas obtenir des primes ou des indemnités, mais tout simplement continuer à travailler dans et pour une entreprise dont ils étaient fiers – à ce propos, je tiens à vous remercier, monsieur le ministre, pour la part déterminante que vous avez prise dans ce dossier. C'est cette fierté qu'il faut communiquer aujourd'hui aux jeunes qui répugnent à choisir cette voie. Bien sûr, il faut aussi leur garantir une sécurité, dont ils peuvent légitimement douter.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion