Ce constat, c'est celui de Colin Clark et Jean Fourastié montrant, à la veille des Trente Glorieuses, le glissement progressif du secteur primaire au secteur secondaire, puis du secondaire au tertiaire. C'est celui qu'a fait Daniel Bell proclamant l'avènement d'une société « postindustrielle » au moment du premier choc pétrolier. C'est celui que faisaient tous ceux qui ont cru pouvoir décréter trop rapidement l'avènement d'une « nouvelle économie » au tournant des années 2000. On a vu rapidement les limites de cette économie virtuelle.
Je ne veux pas nier ou relativiser la réalité de la diminution de l'emploi industriel dans notre pays. Les chiffres parlent d'eux-mêmes et vous les avez rappelés. En dix ans, nous avons perdu plus de 500 000 emplois industriels et notre part dans les exportations européennes a diminué d'un quart entre 2000 et 2008. Chacun a à assumer sa part de responsabilité. Quant à l'emploi industriel, sa part dans la population active est passée de 16 % en 2000 à 13 % en 2009.
Si nous sommes dans cette situation, c'est parce que nous avons trop longtemps cru que l'emploi industriel n'avait pas d'avenir ; que malgré tous nos efforts, nos entreprises industrielles finiraient de toute façon par délocaliser leurs activités dans d'autres pays ; qu'il valait mieux investir dans les services que dans le développement de nouveaux produits industriels.