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Intervention de Michel Françaix

Réunion du 6 avril 2010 à 17h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Françaix :

Depuis dix ans, chaque fois qu'il est question des télévisions locales, que de grands mots : « diversité », « pluralisme », « nouveaux espaces de liberté »… ! Si l'on est un petit peu plus hardi, on dit que cela amènera un peu d'insolence. On termine la main sur le coeur : « Enfin des télévisions enracinées dans la vie locale ! » Et puis, au bout de tant d'années, on se rend compte que l'on n'a rien fait pour que cela réussisse – et le constat vaut pour nous comme pour vous, monsieur Kert.

D'autre part, il en est de la télévision locale comme de la presse : elle n'est pas une et en parler au singulier, c'est ne pas traiter la question.

Les télévisions locales « tissu associatif » ont à peu près disparu ; on a considéré que ce n'était pas faisable. On nous propose maintenant différents modèles, sans rapport cependant avec le prétendu souci de diversité, de pluralisme et de liberté, puisque ce qu'on veut faire, ce sont des télévisions des collectivités locales ou de la presse régionale. On passe sur les décrochages et on sent bien qu'à la fin des fins, la syndication va l'emporter. Ce n'est pas sans m'évoquer ce qui s'est passé avec les radios locales. Or NRJ, par exemple, ne peut plus tout à fait être considérée comme une radio locale, même si c'est une radio de qualité.

Cela ne me gênerait pas qu'il y ait trente télévisions supplémentaires en syndication, mais, dans ce cas, qu'on se résolve à reconnaître qu'elles sont nationales et qu'elles suivent des règles nationales ! Une télévision locale est définie par un certain nombre de normes, qui ont encore cours. Encore que… Je vois bien que, tout en continuant de défendre les principes, le ministère de la culture a déjà accepté l'idée de la syndication de programmes. D'ailleurs, si l'on n'était pas prêt à lâcher du lest, le groupe Bolloré ne se serait pas intéressé à ce secteur.

On va bientôt nous dire qu'il faut de la publicité nationale pour ces télévisions locales. Mais elles n'en obtiendront pas et il vaudrait donc mieux définitivement réserver la publicité locale aux télévisions locales et la publicité nationale à la télévision nationale.

Si l'on veut améliorer un peu la situation financière des télévisions locales, il faut décider qu'elles auront droit à la publicité locale des grandes surfaces. Inutile de nous compliquer la vie à imaginer une syndication nationale qui se traduira par des programmes composés à 80 % de « sous-films » américains et des publicités ! Si on doit aboutir à cela, je ne souhaite qu'une chose : c'est que les télévisions locales ne se développent pas.

Il faut que le ministère affirme fortement qu'il n'est pas question de syndication, et que le nombre d'heures de programmes locaux sera plus important que celui des heures de programmes nationaux. Il faut que le CSA qui, jusqu'à présent, a eu assez de courage pour dire qu'il ne fallait pas n'importe quoi, l'affirme avec encore plus de force. Si cela est acquis, si nous arrivons à baisser les coûts de diffusion, à aider un peu mieux ceux qui ont envie de faire de la création, il y aura en France des télévisions locales comme dans tous les autres pays européens.

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