Nous nous racontons tous des histoires ! Comme tous les parlementaires, au sein de la commission Copé, souhaitaient que la télévision française demeure une télévision de qualité, il fallait, de l'avis des socialistes, s'intéresser autant à la télévision publique qu'à la télévision privée, puisque le téléspectateur moyen passe de l'une à l'autre sans demander d'autorisation à personne.
La commission s'est également interrogée sur la qualité des programmes. Or, comme à gauche nous avons toujours pensé qu'il était impossible de réaliser une quelconque réforme si elle n'était pas financée – les recettes de France Télévisions sont inférieures à celles des télévisions publiques des grands pays voisins –, il était à nos yeux évident que nous allions droit dans le mur, notamment en raison du blocage de l'Europe ou de l'impossibilité d'augmenter la redevance.
Chacun peut aujourd'hui constater que nous avions raison puisque nous ne pouvons pas améliorer la qualité de la télévision. Je laisse à Jean-François Copé son optimisme au milieu de la cacophonie générale. Mais oublions le passé et regardons l'avenir.
Puisque, en raison de l'état des finances publiques, un consensus paraît se dégager pour maintenir la publicité sur le service public avant vingt heures, il importe de se donner les moyens, à la fois, de préserver une télévision de qualité et de permettre à la télévision publique et à la télévision privée de continuer de vivre côte à côte.
Dès lors, quid des négociations actuelles en vue de privatiser la régie publicitaire de France Télévisions ? Les arrêter serait d'autant plus légitime que c'est la régie publique qui a le mieux réussi dans cette période difficile, en augmentant son chiffre d'affaires de 16 %. Faudrait-il la récompenser en la vendant à des organismes privés qui ont connu des baisses atteignant 17 % ? Mais il est évident que le Président de la République se désintéresse de la question du maintien de la publicité avant vingt heures, à partir du moment où ses amis pourront acheter la régie publicitaire de France Télévisions ! Nous ne saurions accepter la privatisation de celle-ci car ce serait au détriment du service public. Le départ se fera donc entre ceux qui veulent renforcer celui-ci, tout en laissant leur chance aux chaînes privées, et ceux qui continueront de l'affaiblir de manière sournoise. Telle est la véritable question !
Monsieur Duhamel, j'aimerais savoir si vous aurez les coudées franches pour conserver la régie publicitaire au sein de France Télévisions – mais peut-être serait-il préférable de poser la question à M. Jean-François Copé ou à M. Christian Kert…