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Intervention de Gilles Duhamel

Réunion du 7 avril 2010 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Gilles Duhamel, directeur général de France Télévisions, chargé de l'antenne, du développement et de la diversification :

Madame la présidente, nous n'avons pas à distribuer de bons ou de mauvais points : aussi me contenterai-je de vous donner mon point de vue de responsable des contenus du service public, qu'il s'agisse de l'an passé ou des enjeux actuels.

La réforme éditoriale satisfait les téléspectateurs : si on en croit les sondages, ils ont plébiscité le fait que les programmes de la soirée débutent désormais à vingt heures trente-cinq, soit trente minutes plus tôt qu'auparavant, ce qui permet d'entamer la troisième partie de soirée à vingt-trois heures trente au lieu de minuit trente. Des moyens plus importants – c'est le seul bémol que nous avions déjà signalé il y a un an – nous permettraient d'alimenter la production de cette dernière partie de soirée qui nous paraît recéler un potentiel intéressant en termes de créativité. Nous avons néanmoins réussi à réaliser des grilles de qualité.

Il convient toutefois de rappeler que ce que Patrick de Carolis, toutes les équipes de France Télévisions et moi-même avons appelé le « virage éditorial » était engagé depuis 2005. Ce n'est donc pas l'annonce en 2008 de la suppression de la publicité après vingt heures ni la réforme engagée au début de 2009 qui ont provoqué ce virage. En revanche, il est vrai que jusqu'à cette dernière, certaines prises de risque éditoriales pouvaient affecter le niveau des recettes publicitaires – ainsi la diffusion en direct, pour la première fois à la télévision française en première partie de soirée, d'un opéra retransmis des Chorégies d'Orange, qui s'est traduite par une baisse de celles-ci, de 400 000 à 500 000 euros. De ce point de vue, l'arrêt de la publicité après vingt heures ne peut que nous encourager à prendre encore davantage de risques et à accentuer la politique engagée en la matière à partir de l'automne 2005. Du reste, jamais depuis trente-cinq ou quarante ans, la télévision publique n'avait retransmis autant de spectacles vivants – théâtre ou opéra –, pris autant de risques en matière de fictions, ou développé à ce point la grande fiction patrimoniale française ou internationale – citons les adaptations de Guerre et Paix ou de nouvelles de Guy de Maupassant ou les grands succès que nous avons obtenus sur le plan documentaire.

Mme Karine Blouet a évoqué ce point dans la précédente table ronde : je tiens à confirmer que jamais la différence n'a été aussi grande qu'aujourd'hui entre l'offre de la télévision commerciale et celle de la télévision publique, ce qui est du reste tout à fait normal.

Depuis janvier 2008, Patrick de Carolis, Damien Cuier, Philippe Santini et moi-même avons observé avec une grande attention les débats portant sur les ressources. N'étant pas des acteurs politiques, nous n'avions pas à faire de déclarations publiques sur les propositions de la majorité ou de l'opposition en la matière. Ce que je puis affirmer, en tant que directeur général chargé des antennes, c'est que si la suppression de la publicité après vingt heures représentait un enjeu éditorial, la suppression de la publicité avant vingt heures ne comporte, quant à elle, aucun enjeu de cet ordre. S'agissant des principales émissions, notamment des journaux télévisés, les plages horaires resteront les mêmes. Quant aux contenus, le service public continuera de proposer, le matin et l'après-midi, un mélange de jeux, de divertissements et de magazines d'accueil des personnalités de la société civile. Du reste, cette grille de programmes n'est pas propre à la télévision française : quel que soit le modèle économique, la BBC, la RAI ou les télévisions publiques espagnole ou allemande offrent durant la journée des magazines, quelques documentaires, comme c'est surtout le cas de France 5, des jeux ou des divertissements. Je ne vois pas en vertu de quelle stratégie éditoriale la grille pourrait évoluer en journée. Je le répète : la suppression de la publicité avant vingt heures ne répond à aucun enjeu éditorial.

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