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Intervention de Simone Harari

Réunion du 7 avril 2010 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Simone Harari, co-présidente de l'atelier « modèle économique » de la commission pour la nouvelle télévision publique :

Je voudrais tout d'abord, madame la présidente, vous remercier d'avoir organisé ce débat entre parlementaires et professionnels – chaînes de télévision et annonceurs. Nous avons eu l'occasion, dans le cadre de la commission Copé et des réunions régulières qui l'ont prolongée, de faire valoir le triptyque qui caractérise le secteur audiovisuel : culture, démocratie et économie. Les producteurs et, d'une manière générale, le monde de la création – auteurs, réalisateurs, techniciens… – sont toujours heureux d'un accroissement des recettes, quel qu'il soit, pour l'ensemble du secteur. Qu'il n'y ait pas eu d'effet d'aubaine après la suppression partielle de la publicité sur France Télévisions n'a réjoui personne. La différenciation croissante entre les chaînes publiques et les chaînes privées, d'une part dans leur programmation, d'autre part dans leur modèle économique, ne peut qu'élargir les publics de la télévision, du fait de la diversification des contenus. À l'heure de la TNT, où le modèle des grandes chaînes généralistes se trouve ébranlé, c'est un sujet important, non sans incidence pour les téléspectateurs qui passent d'ores et déjà plus de trois heures par jour devant leur téléviseur, ce temps allant croissant.

L'offre, totalement éclatée, des chaînes de la TNT et le ciblage publicitaire maintenant permis par Internet mettent à mal les modèles classiques de la publicité. L'arrêt de celle-ci sur les chaînes publiques après 20 heures a sans doute permis une stabilisation. D'autres hypothèses avaient été à l'époque étudiées, comme celle de la supprimer toute la journée sur une seule chaîne, ou bien encore de différencier les mesures prises selon les chaînes. La préconisation de la commission Copé, suivie par le législateur, de la supprimer sur toutes les chaînes publiques après 20 heures était celle qui était susceptible d'avoir le plus d'impact pour le téléspectateur. D'ailleurs, les chaînes privées, qui n'y étaient nullement obligées, ont, elles, raccourci leur plage publicitaire après le journal de 20 heures, si bien que pour tous les téléspectateurs, quelle que soit la chaîne qu'ils regardent, la première partie de soirée, et par conséquent la deuxième aussi, commencent plus tôt.

Il était sage d'avoir prévu une clause de rendez-vous pour dresser un premier bilan et s'adapter aux évolutions de la conjoncture. La possibilité aujourd'hui offerte d'aller plus loin ou de marquer une pause dans la suppression de la publicité sur les chaînes publiques peut être vue, non comme un choix de s'arrêter « au milieu du gué », mais comme une opportunité de choisir entre plusieurs modèles économiques. Dans certains pays européens, il y a de la publicité sur les chaînes publiques ; dans d'autres, comme en Grande-Bretagne, il n'y en a pas du tout ; dans d'autres encore, comme en Allemagne, le choix a été fait qu'il n'y en ait pas en prime time mais d'en conserver en journée, comme ce qui nous est proposé. Et en Allemagne, les deux types de chaînes, privées et publiques, font toutes deux très bien leur métier et sont bien différenciées.

Tout en regrettant qu'il n'y ait pas eu le report de recettes qui aurait été souhaitable pour tous, j'espère que le retournement de tendance observé au premier trimestre 2010, où les chaînes hertziennes ont vu leur chiffre d'affaires publicitaire augmenter de 14 % et celles de la TNT de plus de 40 %, se confirmera et augure d'une tendance durable sur le reste de l'année. La semaine dernière, ce chiffre d'affaires a augmenté de 24 % pour les chaînes hertziennes et de plus de 50 % pour celles de la TNT.

La redevance reste le meilleur outil pour améliorer le financement des chaînes publiques, parallèlement au maintien de recettes publicitaires. Ce point a été largement débattu dans la commission Copé. Je n'ai d'ailleurs toujours pas compris si les parlementaires qui ont quitté celle-ci déploraient l'absence d'augmentation ou au contraire la souhaitaient... Les professionnels, eux, en tout cas, recommandent de l'augmenter, une première étape pouvant consister à la mensualiser afin de la rendre moins douloureuse pour les ménages. Les chaînes publiques doivent se financer différemment des chaînes privées, donc avoir de moins en moins de recettes publicitaires.

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