Nous sommes là au coeur de la stratégie d'influence de l'État, et les Anglo-saxons savent de quoi je parle, croyez-moi !
Je regrette que nous regardions vers le passé, alors que nous sommes entrés de plain-pied dans l'ère des puissances relatives et qu'on ne peut plus considérer les problèmes du français uniquement à travers le prisme franco-américain. Je vous fiche mon billet que d'ici une vingtaine d'années, l'anglais n'occupera plus la place qui est la sienne aujourd'hui. Pour ma part, je recommande l'apprentissage de l'arabe et du chinois : voilà des langues d'avenir ! alors que l'anglais ne fera que reculer, ne serait-ce que du fait de la progression de l'espagnol aux États-Unis.
Si notre langue a reculé plus qu'elle ne l'aurait dû, il faut en imputer la cause à une forme de trahison des clercs : il n'est qu'à voir nos médias ânonner à longueur de temps la culture anglo-saxonne, alors que jamais la BBC ne diffuserait une chanson française ! Et l'imbécillité de nos hauts fonctionnaires, qui font rédiger leurs cartes de visite en français et en anglais, alors qu'ils devraient les faire rédiger en chinois et en arabe, ne serait-ce que pour « faire la nique » à l'Oncle Sam ! On pourrait multiplier de tels exemples. On pourrait parler des universités françaises qui recrutent à l'étranger pour former leurs étudiants en anglais. Il ne faut pas s'étonner que ceux-ci préfèrent fréquenter les universités anglo-saxonnes.
Le problème est politique, chers collègues, car la culture et la langue relèvent d'un projet politique. On n'apprend pas la langue et la culture des vassaux : on apprend la langue du seigneur. En rentrant dans l'OTAN, en se diluant dans un service diplomatique européen qui ne parlera qu'anglais, la France se tire une balle dans la tête.