Non, car il n'est pas aligné – du moins en ce qui concerne les exploitants, les salariés relevant du régime général.
Deuxième élément : il faut préserver la nature transitoire du Fonds. Celui-ci ne saurait être considéré comme la solution miracle. Il ne peut se substituer aux trois leviers permanents : je le répète, c'est un quatrième levier provisoire. On doit veiller à ne pas utiliser ses ressources trop rapidement, car cela ne ferait que différer les choix et les adaptations nécessaires pour remettre le système sur la voie de la soutenabilité.
Troisième élément : pour bien gérer patrimonialement un fonds, il est important de disposer de prévisibilité et de lisibilité quant à l'emploi qui sera fait des ressources. Il faut donc éviter toute mécanique qui conduirait à une utilisation précipitée et, potentiellement, à se mettre en situation de devoir céder des actifs à des moments non pas choisis mais subis, donc inopportuns en termes patrimoniaux et financiers. Il faut également éviter une utilisation opportuniste : la plus mauvaise solution serait celle où l'on déciderait chaque année, en loi de financement de la sécurité sociale, de la somme sollicitée auprès du Fonds. Les gestionnaires seraient placés dans une situation d'inconfort et d'indétermination maximale et il ne faudrait plus attendre du Fonds qu'il soit un outil financièrement performant. La gestion deviendrait purement obligataire et monétaire, et l'on pourrait s'interroger sur l'utilité même du Fonds.
Si le rendez-vous 2010 se donne un horizon qui va au-delà de 2020, il faudra poser une question qui n'a jusqu'à présent pas fait l'objet du moindre début de réponse juridique ou politique : quelle est la mission exacte du Fonds de réserve pour les retraites, pendant combien d'années va-t-il décaisser, quelles seront ces années, pour quels montants ? Cela étant, on ne pourra aborder ces sujets qu'après que l'on aura débattu et tranché les actions à mener sur les trois leviers permanents que j'ai énumérés tout à l'heure.