Comme le président Teissier, vous soulevez la question de la lisibilité et de la popularité des actions de l'Union en matière de défense. La dissolution de l'UEO et la mise à l'écart, même provisoire, des parlementaires nationaux ne vont pas inciter les différents pays à augmenter leur effort de défense. L'enjeu majeur, c'est la diminution des budgets de défense des Vingt-sept depuis dix ans. On pourra toujours marteler la nécessité d'une défense européenne : si le nombre de contributeurs se réduit et si, de surcroît, leur effort diminue, on n'atteindra jamais les 60 000 hommes évoqués par M. Michel Voisin. Cette affaire symbolique de l'UEO traduit le problème de l'irrigation de l'effort de défense par nos nations.
Plus généralement, étant donné les budgets et les efforts réels de chacun de ses membres, l'Europe — déjà difficile à concevoir dans les autres domaines — peut-elle être conçue à vingt-sept en matière de défense ? Il existe un décalage saisissant entre cette mythologie qui fait plaisir à tout le monde et le nombre réduit de pays qui s'impliquent. Ne serait-il pas plus efficace de travailler dans le cadre d'une coopération à géométrie variable ? Sans cela, nous risquons de nous retrouver dans quinze ans à répéter toujours les mêmes choses et, pour le coup, les opinions s'inquiéteront vraiment pour leur sécurité.
Enfin, vous n'avez pas évoqué l'effort et les coopérations en matière d'industrie d'armement. Pour moi, parler d'Europe de la défense, c'est d'abord faire travailler des ouvriers européens, c'est ne pas acheter systématiquement ses matériels à l'extérieur, c'est éviter que la normalisation se fasse au profit des Américains, entre autres. Votre commission travaille-t-elle sur ce sujet ?