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Intervention de Maurice Leroy

Réunion du 30 mars 2010 à 17h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaurice Leroy :

M. René Rouquet et moi-même sommes très heureux de faire part à votre Commission de ce que nous avons observé en Irak.

Je précise tout d'abord que, invités par le gouvernement et le parlement irakiens, nous représentions en Irak le bureau de l'Assemblée nationale.

Nous avons été d'autant plus impressionnés par la qualité de l'organisation des élections que, comme la presse française et la presse internationale l'ont rapporté, elles se sont déroulées dans un climat tendu : je rappelle que la veille et le jour même du scrutin, Al Qaïda a revendiqué plusieurs attentats qui ont fait 38 morts et 118 blessés. De plus, à la différence de nos collègues sénateurs, MM. Jacques Gautier et Aymeri de Montesquiou, qui se sont rendus dans une zone totalement sécurisée à Erbil, dans le Kurdistan irakien, nous étions en plein coeur de Bagdad.

Par ailleurs, il est notable que, à l'exception de l'aéroport qui demeure sous leur garde, plus aucun soldat américain n'est présent dans la capitale : ce sont bien l'armée et la police irakiennes qui y assurent la sécurité.

Si 125 observateurs européens ont été déployés dans le pays – dont de nombreux diplomates –, la délégation parlementaire française était la plus nombreuse, comme n'ont pas manqué de le souligner la presse, unanime, ainsi que le président de la haute commission électorale indépendante irakienne (HCEI), celui du Conseil des Représentants et celui de la commission des affaires étrangères de ce même Conseil.

L'organisation des bureaux de vote était, quant à elle, remarquable malgré des conditions de sécurité draconiennes – même si le dispositif été assoupli en cours de journée –puisque la circulation automobile était interdite afin de prévenir toute tentative d'attentat. Les bureaux de vote, pour la plupart, étaient installés dans des écoles, chacun d'eux n'accueillant pas plus de 500 électeurs. Nous en avons visité trois – dont le seul qui était ouvert à la presse irakienne et internationale – où nous avons été notamment frappés par la présence de nombreuses femmes, tant parmi les électeurs que parmi les responsables des bureaux et les assesseurs des partis politiques, lesquels ont bien entendu contribué également à vérifier la régularité du scrutin.

Le vote s'est déroulé dans une atmosphère « bon enfant », inattendue compte tenu des difficultés – check points à franchir, menaces terroristes. Les électeurs se sont déplacés en famille et à pied, en un véritable élan populaire dont témoigne le taux de participation de 62 %. La lecture du bulletin de vote n'était pourtant pas aisée, en raison de son très grand format et d'une division en deux parties – liste des candidats, puis liste des partis politiques associée à leurs logos. Par ailleurs, les candidats étaient 6 171 pour 325 sièges et le Conseil des Représentants doit comporter, constitutionnellement, 25 % de femmes !

Dans ces conditions, les contestations du premier ministre sortant, M. Maliki, sont un peu étonnantes – il ne me semble d'ailleurs pas qu'il ait émis des doutes lorsqu'il pensait sortir victorieux de cette consultation électorale. Cela étant, il n'est, et il n'a jamais été question pour nous de nous immiscer dans les affaires intérieures de l'Irak et nous nous sommes bornés à jouer notre rôle d'observateurs.

De surcroît, contrairement à l'élection précédente, ce ne sont pas des listes confessionnelles, en l'occurrence sunnites et chiites, ou des listes représentatives d'une division entre le nord et le sud du pays qui se sont affrontées : c'est un véritable processus démocratique qui a été engagé.

En ce qui concerne le dépouillement des bulletins de vote, le cahier des charges de la HCEI était assez strict puisque l'affichage obligatoire des résultats dans chacun des bureaux de vote, sitôt cette opération achevée, a permis à toutes les formations politiques d'exercer pleinement leur droit de contrôle.

Je considère qu'avec ces élections les Irakiens ont manifesté leur volonté politique de vivre ensemble indépendamment de toute autre considération, notamment, je le répète, confessionnelle.

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