Madame la présidente, madame la ministre, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, en matière de crédit revolving, tout ce que l'emprunteur connaît en général, c'est sa carte d'adhérent qui lui ouvre droit, lui a-t-on expliqué, à des facilités de paiement.
Quelquefois, parce qu'il figure sur les fichiers, il trouve dans sa boîte à lettres des publicités pour des établissements de crédits. « Puisez dans votre réserve d'argent à votre gré », dit l'un ; « Faites-vous plaisir dès aujourd'hui », propose l'autre. « Besoin d'argent ? Rapidement ? », s'inquiète un troisième.
On découvre ainsi combien il est facile de persuader les pauvres que, même eux, ils peuvent s'acheter une machine à laver, une voiture, une console de jeux pour les enfants ou simplement de quoi manger, qu'ils rembourseront plus tard et que cela ne leur coûtera, pour ainsi dire, rien de plus que s'ils réglaient comptant.
À la différence des prêts plus contrôlés et moins coûteux consentis par les banques classiques, dont les établissements de crédits sont d'ailleurs des filiales, ces contrats se concluent en un clin d'oeil : il suffit de signer au bas de l'imprimé. Cela peut se faire à la caisse du magasin ; c'est valable tout de suite, reconduit tacitement ; on tire ce que l'on veut, quand on veut et cela donne l'agréable impression qu'il s'agit d'un argent gratuit. Cette agréable impression, le libellé des offres ne fait rien pour la dissiper. On ne parle pas d'emprunt, mais de réserve d'argent : ce n'est pas un crédit, mais une facilité de paiement.
Le coût extrêmement élevé de ce crédit figure en tout petits caractères, au verso de l'offre. Même si l'on en a pris connaissance, ce qui n'est pas souvent le cas, on signe : c'est le seul moyen, quand on n'a pas d'argent, de s'acheter ce dont on a besoin, ou, d'ailleurs, ce dont on n'a pas besoin mais simplement envie. Même quand on est pauvre, on a des envies, et c'est là le drame. (Sourires et exclamations sur les bancs du groupe SRC.)