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Intervention de Michel Liebgott

Réunion du 23 février 2010 à 16h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Liebgott :

Je serai peut-être encore plus dur et plus politique que mon collègue et, en l'absence de Maxime Gremetz, j'assumerai le rôle du communiste de service.

Je me demande si tout cela n'est pas la conséquence de la domination de l'économique sur le politique. Le libéralisme s'est imposé partout, nous n'avons plus de vision collective de la société, et les replis identitaires incitent les jeunes à rechercher autre chose que la réussite salariale.

Nous vivons dans une société capitaliste, sous le règne de la consommation. Le nivellement par le bas qui nous est proposé n'est que la conséquence d'un libéralisme qui a besoin d'une armée industrielle de réserve, met les gens au chômage ou en concurrence et oeuvre à la baisse des salaires.

Pour autant, nous ne vivons pas plus mal. Ainsi, dans les quartiers sensibles de ma commune, les jeunes ont tous un portable. Le pouvoir d'achat existe, mais il est nivelé et nous nous retrouvons tous à un niveau très moyen, et plutôt inférieur à ce qu'il était autrefois. En Italie, où je me trouvais récemment, le constat est le même : les jeunes habitent chez leurs parents. Mais, aujourd'hui, grâce à la compagnie Ryanair, même les plus pauvres peuvent voyager.

Nous ne vivons pas forcément plus mal, disais-je, mais nous sommes sans doute plus malheureux, privés d'une vision collective et de perspectives, sans espoir de changer la société, avec l'argent pour seul but.

Ce que vous avez dit du logement est vrai partout, pas seulement à Paris. Dans ma région, certains ont vu leur patrimoine doubler en revendant leur maison deux fois plus cher qu'ils ne l'avaient achetée. Mais, même si certains Français sont très riches, nous sommes dans une situation dramatique.

L'année dernière, dans ma région, le chômage s'est considérablement aggravé dans le secteur de la sidérurgie. Or, cette année, après avoir totalement déstocké, les grands groupes sidérurgiques peinent à retrouver du personnel et sont obligés de recourir à des intérimaires, au demeurant très mal payés.

Je suis né en 1958. Élève à Sciences-po Strasbourg, j'ai arrêté mes études en deuxième année après avoir réussi un concours administratif. Lorsque j'ai dit à mes camarades que je préférais être salarié, ils ont tenté de me dissuader. Vous avez raison, nous sommes entrés dans une société du « tout fric », où l'essentiel est de savoir de quelle façon on pourrait gagner plus. C'est le seul slogan qui vaille aujourd'hui, la seule fin en soi pour un jeune, et cela explique les économies parallèles. Voilà le résultat d'une absence totale de vision collective et de projet politique !

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