J'ai écouté avec une grande attention votre exposé relatif aux inégalités intergénérationnelles. Je rejoins le président Méhaignerie sur la nécessité de disposer d'une analyse territoriale. En effet, les inégalités sont différentes d'un territoire à l'autre, en termes de classes d'âge, mais aussi parfois d'une classe d'âge à l'autre, selon que l'on vit dans une ville à revenus aisés ou dans une ville dont la population connaît des difficultés sociales, ou même dont les origines culturelles sont différentes. L'analyse des inégalités ne doit pas être uniquement nationale.
Votre constat est intéressant, mais il est pessimiste. J'aurais préféré que votre vision soit plus optimiste. « Le pessimisme est d'humeur ; l'optimisme de volonté », a écrit le philosophe Alain. En l'occurrence, votre pessimisme est fondé sur des réalités, mais les élus politiques que nous sommes espèrent qu'il existe des raisons d'être optimistes car il nous serait difficile d'assumer une vision pessimiste de l'avenir. Quoi qu'il en soit, nous avons à prendre nos responsabilités.
Votre analyse est une forme d'accusation. Selon vous, les parents, les syndicats, les politiques et l'ensemble de la société sont responsables de la situation.
Vous avez parlé d' « outsiders ». Nous ne sommes pas habitués à nommer ainsi les jeunes en difficulté.
Quelles pistes nous proposez-vous pour inverser la situation ? Votre analyse paraît quelque peu figée par rapport aux réalités. Si elle est juste, il vous sera facile de nous proposer des mesures visant à faire disparaître les inégalités intergénérationnelles sans forcément revenir sur les droits acquis, comme vous le proposez.
Vous évoquez la dépendance, trop longue, des jeunes envers leurs familles. C'est un véritable problème dans notre société mais, au-delà de l'analyse sociale et économique, n'est-ce pas notre société elle-même qui est en cause ? Aujourd'hui, les relations intergénérationnelles mettent les parents en difficulté. De plus en plus de parents sont dans une situation difficile pour avoir contracté des emprunts afin d'aider leurs enfants à faire face à une situation dramatique. Les inégalités se transmettent d'une génération à l'autre, et les difficultés des uns se répercutent sur la vie des autres. Nous devons en tenir compte.