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Intervention de l'ambassadeur

Réunion du 17 février 2010 à 11h00
Commission des affaires étrangères

l'ambassadeur :

Sur ce point précis, la réponse est simple : Jérusalem-Est, aux yeux des Israéliens, fait partie de l'État d'Israël, contrairement à la Cisjordanie. Jérusalem, comme Tel-Aviv, Raanana ou Beer Sheva, est soumise au droit israélien dans tous les domaines, y compris celui des permis de construire.

Si j'étais venu il y a quatre ans devant votre commission, vous m'auriez reproché la colonisation de la bande de Gaza par plusieurs milliers de colons israéliens comme un fait accompli visant à rendre impossible la viabilité de l'État palestinien. Or, aujourd'hui, ces colonies ont été démantelées et il n'y a plus un seul Israélien à Gaza, civil ou militaire, exception faite de Gilad Shalit. Cela prouve, tout d'abord, que le fait d'arrêter la construction de localités israéliennes ne garantit pas la paix puisque le Hamas a pris le pouvoir et que 8 000 roquettes sont tombées sur la tête des Israéliens – ce qui n'encourage pas l'opinion publique israélienne à souhaiter la répétition du même processus en Cisjordanie : Tel-Aviv, le coeur économique et social du pays, serait à la portée des missiles palestiniens !

Ce démantèlement prouve également qu'on ne saurait extrapoler l'avenir à partir de la situation actuelle, qui n'est ni une situation de paix, ni même une situation de négociation. La décision appartient au gouvernement israélien. Les négociations passées avec les Palestiniens se sont déroulées sans aucun préalable relatif au gel des implantations : aucun Premier ministre israélien ne l'avait proposé et aucun gouvernement palestinien ne l'avait exigé. En revanche, que ce soit à Camp David, à Taba ou à Annapolis, cette question était évidemment sur la table et avait fait l'objet de différentes propositions. Toutefois, ce n'est pas elle qui a fait capoter les accords de Camp David.

Je ne noie pas le poisson : si les implantations sont un sujet de négociation légitime, la sécurité des citoyens israéliens l'est tout autant. Israël a été construit il y a soixante-deux ans après 2 000 ans d'exil : j'ai le droit de m'inquiéter de la sécurité de cet État.

La guerre a été déclenchée contre Gaza après des années d'attaques du Hamas contre les localités israéliennes. La guerre est aujourd'hui suspendue, mais la pression demeure sur Gaza pour plusieurs raisons : la détention de Gilad Shalit, le risque pour les Israéliens d'une reprise des tirs de roquette et l'attitude internationale vis-à-vis du Hamas, que boycotte la communauté internationale, notamment l'Union européenne et la France. Il n'y a pas à Gaza de drame humanitaire même si ce n'est ni le confort ni la prospérité. Je ne suis pas opposé au fait que les Palestiniens sentent une nette différence entre vivre sous le régime légitime de Mahmoud Abbas en Cisjordanie, qui a choisi un avenir de paix et de coexistence avec Israël, et vivre sous l'autorité du Hamas, qui a pris le pouvoir par un coup d'État militaire sanglant et qui ne souhaite aucune coexistence avec Israël mais au contraire sa disparition au profit de la création d'un État islamique de la Méditerranée au Jourdain.

Gaza bénéficie de toute l'aide humanitaire nécessaire et ne connaît pas la famine – des images de marchés le prouvent. En revanche, il est vrai que la vie n'y est pas très agréable et ne le sera pas tant que la vie dans les localités israéliennes limitrophes ne sera pas normalisée.

En ce qui concerne la méthode des sanctions contre l'Iran, je n'affirme pas qu'elle nous assurera l'arrêt du programme nucléaire iranien. Il faut toutefois tenter de créer un vrai dilemme chez les dirigeants iraniens : vaut-il vraiment la peine de subir de telles pressions internationales pour conduire à son terme un programme nucléaire militaire ? Du reste Israël n'est pas le seul à le penser : il est rejoint en cela par le Groupe des six dans sa grande majorité. Vous devez donc adresser cette question à votre gouvernement tout autant qu'au mien. L'avenir des méthodes de dissuasion internationale, le TNP et l'avenir de l'Iran : ce sont de bien lourds fardeaux que vous mettez sur les frêles épaules d'un petit pays du Proche-Orient.

Combien de fois devrai-je répéter qu'Israël est favorable à deux États pour deux peuples et non pas à un seul État sans l'égalité des droits ? Israël est un pays démocratique, qui souhaite le rester et vit selon des valeurs que nous avons reçues de l'Europe, notamment de la France. Nous y attachons une énorme importance et voulons les préserver. L'objectif est donc bien la création de deux États-nations pour deux peuples.

La création de l'État palestinien, compte tenu de l'histoire difficile des relations entre Israël et, non seulement, les Palestiniens mais, également, l'ensemble du monde arabe, nécessitera de prendre certaines précautions : c'est pourquoi M. Nétanyahou propose que l'État palestinien, dont il soutient la création, soit démilitarisé durant une certaine période, afin d'assurer la sécurité d'Israël.

En ce qui concerne la barrière de sécurité, que vous appelez le mur, son impopularité n'est dépassée que par son efficacité : il n'y a plus d'attentat suicide en Israël. C'est une des plus grandes contributions à la paix dans la région. En effet, lorsque trois bus sautaient chaque semaine dans les rues de Tel-Aviv, aucun Israélien ne souhaitait négocier la paix avec les États voisins. La méthode n'est pas belle et ne me plaît pas mais la barrière disparaîtra lorsque, la paix étant venue, les citoyens israéliens n'auront plus besoin d'être protégés. Pour le moment, les intérêts et les droits des Palestiniens étant pris en compte notamment grâce à l'aide de la Cour suprême israélienne, je vous demande de prendre en compte également les droits des Israéliens, le premier d'entre eux étant le droit à la vie.

L'Égypte demeure le pays arabe avec lequel nous entretenons les relations les plus denses et nous comptons sur lui dans tous nos efforts de paix avec les pays arabes. Certes, la paix entre Israël et l'Égypte n'est pas toujours idyllique mais ce pays joue un rôle régional très important et le dialogue avec lui reste intense. Quant aux questions afférentes à la construction d'un obstacle le long de la frontière de la bande de Gaza avec l'Égypte, je vous demande de les poser à mon ami Nasser Kamel, l'ambassadeur d'Égypte en France. Les Égyptiens ont des raisons de le construire. Cet obstacle a du reste le mérite de nous rappeler, lorsqu'on évoque le blocus, que Gaza n'est pas entourée uniquement de frontières israéliennes : la Bande a également une frontière avec l'Égypte.

Le projet de voiture électrique est une aventure extraordinaire qui est le fruit du mariage entre une société d'innovation israélienne, Project Better Place, créée par un visionnaire, Shai Agassi, et une entreprise française qui a, depuis un certain temps déjà, investi dans la recherche et la construction de voitures entièrement électriques. Renault a été très intéressé par le projet et nous espérons que ce partenariat franchira les frontières d'Israël. J'ai été très fier d'entendre les patrons de Renault annoncer qu'Israël serait le premier pays auquel l'entreprise française fournira des voitures électriques en grande quantité dès 2011.

Enfin, les propos de notre ministre des affaires étrangères relèvent du débat politique israélien. Les gouvernements israéliens sont des gouvernements de coalition : le ministre a du reste précisé qu'il exprimait ses propres analyses. Je me réfère, quant à moi, aux déclarations du Premier ministre et au programme du Gouvernement israélien, qui préconisent des négociations de paix avec les Palestiniens.

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