Monsieur l'ambassadeur, votre pays dispose de plus de 200 armes atomiques et des missiles qui les accompagnent. La dissuasion joue donc totalement et aucun adversaire ne voudra prendre le risque de défier une telle force – vous le savez. Du reste, la dissuasion ne joue pas qu'au Moyen-Orient.
La focalisation du débat sur le problème iranien représente donc un détournement d'énergie par rapport à la question centrale qui concerne les Palestiniens.
C'est dans ce contexte que le ministre des affaires étrangères de votre gouvernement ne cesse de déclarer – il l'a encore fait récemment – que la paix n'a pas pour condition des concessions territoriales. Les implantations à Jérusalem-Est n'ont, à mes yeux, d'autre objectif que de verrouiller cette question en empêchant définitivement la création d'un État palestinien et par conséquent, l'existence de deux Etats. S'il n'y a pas deux Etats, il n'y en a qu'un.
Or, s'il n'y a qu'un État, et que le peuple juif désire conserver le sien, ce qui est son droit, il ne pourra s'agir que d'un pays d'apartheid. Monsieur l'ambassadeur, comment sortirez-vous de ce dilemme ?
Au mois de juin prochain le traité de non-prolifération nucléaire (TNP) doit être renégocié. Or ce traité ne sera crédible qu'à partir du moment où tous les acteurs nucléaires militaires seront parties prenantes du débat. Il est donc temps qu'Israël déclare officiellement la détention de son armement nucléaire, qui ne fait aucun doute. Ce sera alors l'occasion d'une grande négociation internationale et les États pourront évoquer de manière enfin crédible la gestion des matières fissiles au plan mondial, puisque aucun ne pourra plus prétendre qu'il y a, en matière de nucléaire militaire, deux poids deux mesures.