Nous souhaitons mettre l'accent sur la réforme et la décentralisation. En effet, nos 53 bureaux de par le monde sont source de frais de fonctionnement importants. Mon prédécesseur, M. Matsuura, avait déjà commencé d'en diminuer le nombre. Il importe que nous soyons présents là où l'on a besoin de nous, et que nous puissions y déployer tous les moyens nécessaires. J'ai lancé une task force sur cet aspect organisationnel également. Ce travail prendra un certain temps et des propositions devraient être présentées d'ici la fin de l'année.
Vous avez posé, monsieur le député, une question difficile concernant l'Afrique. Tout d'abord, sachez que l'Afrique constitue, avec l'égalité des sexes, l'une des deux priorités transversales d'action de l'UNESCO. Nous souhaitons que le développement y soit plus équilibré, avec des sociétés moins inégalitaires et une meilleure gestion locale. Nous visons également à faire évoluer les mentalités, notamment pour que dans certaines sociétés, les droits de l'homme soient pleinement reconnus et mieux respectés. Aucun relativisme ne saurait justifier qu'il y soit porté atteinte. Sur ce point, nous pouvons nous appuyer sur des documents ayant fait l'objet d'un consensus aux Nations Unies, comme la déclaration de la Conférence de Vienne.
Je suis personnellement très attachée, madame la députée, à la protection du patrimoine culturel immatériel. La convention pour la sauvegarde de ce patrimoine, adoptée en 2003 et entrée en vigueur en 2006, qui vise à préserver ce qui fait l'identité de chaque peuple et même de chaque communauté, est précisément la réponse que l'UNESCO apporte à la globalisation. Le défi est immense. Un grand débat a lieu actuellement au sein de l'institution sur la pertinence d'inscrire le plus grand nombre possible de sites au patrimoine mondial ou au contraire de fixer des critères plus restreints. Il n'est pas encore tranché. Quoi qu'il en soit, le patrimoine culturel immatériel est une richesse qui s'ajoute au patrimoine culturel matériel et mérite d'être, au même titre, préservée.
Ma conviction est que les trois grandes conventions de l'UNESCO – pour la protection du patrimoine mondial culturel et naturel, pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel –, participant de la même préoccupation de lier culture et développement, doivent être regroupées sous cet angle. J'encouragerai ce mouvement, convaincue que la culture a un rôle déterminant à jouer pour aider au développement durable de chaque pays.
Les clubs scolaires Unesco constituent un réseau tout à fait particulier, dont tout le potentiel n'a pas encore été exploité. Nous disposons d'une plate-forme intersectorielle sur le thème de la jeunesse, qu'il faut ranimer. Nous avons commencé de le faire.
Quant à la polémique qui a pu entourer mon élection, elle n'a pas laissé de traces. Lors des élections au conseil exécutif pendant la Conférence générale, j'ai recueilli 166 suffrages – avec seulement sept voix contre et deux abstentions. Beaucoup de pays, y compris parmi ceux qui avaient milité pour l'élection de mon principal concurrent, M. Farouk Hosni, m'ont apporté leur soutien. J'ai réservé, ce qui n'est pas un hasard, ma première visite officielle, en décembre dernier, à l'Égypte. J'ai à cette occasion rencontré le président Moubarak et plusieurs ministres, dont le ministre de la culture. Tous m'ont réservé le meilleur accueil. Cette élection est désormais derrière nous ! Dès le départ, mon ambition a été de rassembler tous les pays membres autour de nos objectifs phares, dans le seul souci de l'efficacité de notre action. Nous sommes sur la bonne voie.
S'agissant du retard dans le versement des contributions, le problème est maintenant résolu. Concernant les Etats-Unis, l'accueil que j'ai reçu de leur part et le soutien qu'ils apportent désormais à l'institution dans tous ses champs d'intervention ont, je dois l'avouer, dépassé mes attentes. Les États-Unis ont significativement augmenté leur financement extrabudgétaire de certaines de nos activités, notamment dans le domaine de l'éducation où ils sont maintenant l'un des contributeurs les plus importants.