Comme mon collègue Guibal, je m'interroge sur les moyens effectifs dont vous disposez pour mener une politique active et concrète. Au cours des années 1950, l'UNESCO a mené une flamboyante politique volontariste, qui s'est progressivement écornée et rabougrie. Je souhaite, madame, que vous parveniez à redonner à l'UNESCO toute sa dimension, mais vous allez vous heurter à la réalité.
Ainsi, vous avez souligné toute l'importance de l'éducation des filles ; mais comment parviendrez-vous à faire passer ce message dans les pays qui pratiquent un obscurantisme tranquille ? Utiliserez-vous les médias ? Vous tournerez-vous vers les ONG ?
S'agissant de la protection du patrimoine de l'humanité, mon expérience à la présidence du groupe d'études de l'Assemblée nationale sur le Tibet m'a montré que, parce qu'elle a une économie prospère, la Chine peut se permettre, prétextant « le progrès », de raser des villages et de réduire à néant des quartiers entiers de la ville de Lhassa sans que l'UNESCO intervienne ou même ne trouve quelque chose à redire !
Je souhaite donc que l'UNESCO retrouve une voix ; j'espère, madame, qu'issue comme vous l'êtes d'un pays où la dictature a sévi, vous parviendrez mieux que quiconque à inspirer une politique fondée sur la tolérance, le respect et la démocratie.