Si nous sommes d'accord sur le constat de l'attaque spéculative contre les CDS grecs, révélant l'existence d'agresseurs et d'un agressé, nos appréciations respectives vont diverger dans la mesure où vous n'avez consacré, madame le ministre, que quelques minutes aux premiers. Cette asymétrie dans vos propos m'a frappé. Si vous craignez que le Parlement européen ne fasse mal en voulant trop bien faire, vous ne vous demandez pas si l'Europe ne risque pas de faire mal en voulant trop bien faire en Grèce. Il va falloir attendre au moins un an – si tout se passe bien – avant d'avoir des propositions pour empêcher de nouvelles attaques spéculatives, mais la victime, elle, est dès à présent soumise à un traitement de cheval.
Notons que la dette grecque ne s'est pas aggravée : elle s'est « révélée », ce qui est légèrement différent. De deux choses l'une : ou bien les partenaires de la Grèce étaient ignorants des camouflages, et ce n'est pas à leur honneur, ou bien ils les connaissaient et ils n'ont rien fait, ce qui est peut-être pire. Maintenant, ils la soumettent à un régime drastique. Êtes-vous si sûre que celui-ci « passera » auprès de l'opinion publique ? Et, si la Grèce réussit à ramener son déficit de 12,7 % à 8,7 %, nous-mêmes avons un déficit de 8,2 %. Dans quel camp sommes-nous ?
S'agissant de l'attaque spéculative, savez-vous qui est derrière elle ? Par quelles banques est-elle passée ? Par des banques européennes ?
Que comptez-vous faire pour mettre fin à ce mauvais coup contre l'Europe ? Comment la France, qui est elle aussi exposée, compte-t-elle accélérer le calendrier européen et éviter les attaques spéculatives contre la Grèce, l'Italie, le Portugal, l'Espagne et – pourquoi pas ? – contre elle-même ?