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Intervention de François Asensi

Réunion du 9 février 2010 à 9h30
Convention de partenariat avec l'algérie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Asensi :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, permettez-moi tout d'abord d'exprimer ma grande satisfaction que cette convention de partenariat franco-algérienne donne lieu à un débat en séance publique. J'y vois le signe de l'importance, aux yeux de la représentation nationale, des relations avec le peuple algérien.

Ce débat me semble particulièrement bienvenu, en raison de l'histoire intime et douloureuse entre notre pays et l'Algérie, en raison de l'avenir qui ne manquera pas de nous unir, mais aussi en raison du contexte de forte crispation de nos relations bilatérales, qui inquiète, y compris sur les bancs de la majorité. La crispation vient de monter d'un cran depuis l'annonce récente du dépôt par la coalition algérienne au pouvoir d'une proposition de loi condamnant le colonialisme.

Signée le 4 décembre 2007 par les présidents Sarkozy et Bouteflika, la convention de partenariat qui nous est soumise couronne les efforts de réconciliation entrepris depuis 2003 et la déclaration d'Alger afin de renouveler nos échanges, régis par une convention de coopération de 1986 devenue obsolète.

Je me félicite de son ambition, puisqu'elle aborde un très large éventail de domaines, notamment la culture et la place du français, la santé, la formation, l'investissement économique ou l'environnement. C'est le signe de l'intensité de nos échanges et des défis que nous avons à relever ensemble, des deux côtés de la Méditerranée.

Toutefois, on ne peut oublier que cette convention est le fruit de l'échec du traité d'amitié qui, seul, aurait pu panser les plaies et fournir le socle d'une relation franco-algérienne tournée vers l'avenir. La conséquence de l'échec de ce traité, qui a achoppé sur la question coloniale, nous la vivons actuellement à travers le gel de nos relations bilatérales, l'annulation de la visite en France du président Bouteflika et le refus opposé par Alger à la venue de délégations ministérielles françaises. C'est un revers sérieux pour notre pays.

Entre la France et l'Algérie, unies puis séparées par l'histoire, une relation passionnée perdure encore de nos jours. Certaines blessures se trouvent ravivées par les postures de la France, qui, tout en condamnant la colonisation, s'évertue à réhabiliter certains de ses aspects. Il en fut ainsi de la loi sur les rapatriés reconnaissant le rôle « positif » de la colonisation, véritable offense à la mémoire des milliers de victimes qu'elle fit. Il ne s'agit ni de prêcher la repentance ni de battre sa coulpe, mais de reconnaître la vérité historique des méfaits du colonialisme. Toutefois, nous ne devons pas être dupes : le pouvoir algérien utilise à dessein la question de la repentance et de la reconnaissance des crimes coloniaux pour souder la population et la détourner des difficultés politiques et économiques internes.

Si les présidences de Bouteflika ont ouvert en Algérie une ère de stabilité, cette normalisation a conduit à un certain étouffement de la démocratie. La réélection plébiscitaire du chef de l'État en avril 2009 a ainsi été marquée par l'indifférence de la population et le boycottage des partis d'opposition. Alors que nous discutons d'un projet de partenariat avec l'Algérie, nous ne pouvons cacher notre inquiétude face à l'évolution d'un régime qui restreint les libertés et dont la politique de réconciliation nationale, certes nécessaire, offre l'impunité à des criminels de guerre impliqués dans la « décennie noire ».

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