Le parcours du patient est en effet une question sensible. Au Lien, il ne se passe pas de semaine sans que nous recevions un dossier mettant en cause le premier recours. Il est urgent d'agir pour les urgences ! Faut-il qu'elles soient assurées dans des maisons médicales de proximité ? Comment mettre fin aux déserts médicaux ? La question de l'accès aux soins pour tous est cruciale.
Hier soir encore, un courrier reçu sur ma messagerie faisait état d'un patient qui, venant de subir une grave crise d'épilepsie dans un restaurant et transporté aux urgences par les pompiers, y a attendu trois heures, pendant lesquelles il a fait une seconde crise, au cours de laquelle une chute lui a causé un traumatisme crânien : aujourd'hui, il est handicapé à vie. Or il faut savoir que les dossiers que nous recevons ne révèlent qu'une toute petite partie des dysfonctionnements de l'hôpital.
Cela dit, vous avez raison d'évoquer l'amont et l'aval. Aujourd'hui, en matière de qualité de soins et de sécurité des patients, deux secteurs sont mal voire pas du tout évalués : la médecine de ville et les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Alors que ces établissements hébergent des personnes très fragiles, les plus vulnérables, elles ne sont pas dotées de système d'accréditation ou d'évaluation.
Nous souhaitons des mesures en faveur de la lutte contre les infections associées aux soins en médecine de ville. Les cabinets de radiologie nous préoccupent particulièrement. Cette action, dont le dossier est aujourd'hui à la Direction générale de la santé, faisait partie du plan stratégique de lutte contre les affections associées aux soins. Nous nous sommes attaqués au dossier de la désinfection des sondes d'échographie endocavitaire. C'est un bras de fer que nous avons engagé avec la profession, qui se protège. Son raisonnement, aux termes duquel, pour agir, il faut d'abord que des victimes aient été repérées, n'est pas acceptable : d'une part, comme on touche à l'intimité, celles-ci ne se feront pas connaître ; d'autre part, il n'est pas possible de distinguer les infections dues à cette cause et les contaminations par voie sexuelle.
La recommandation actuelle en matière de désinfection est que la décision doit être prise après examen visuel du praticien. Peut-être aujourd'hui ceux-ci voient-ils les bactéries à l'oeil nu… En médecine de ville une évaluation devait être engagée et des contrôles conduits. Alors que, depuis plusieurs années, les ministres se sont engagés en ce sens, rien ne progresse. Au passage une telle action serait aussi source d'emplois.
Un effort d'évaluation considérable des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes est aussi à conduire. Ils reçoivent des personnes extrêmement vulnérables, en perte d'autonomie, qui ne peuvent plus s'exprimer correctement, ni faire valoir leurs droits.
Nous devrons aussi faire un effort dans le secteur de la maternité. La règle du court séjour peut y être cause de graves troubles familiaux et sociaux. Aujourd'hui, des jeunes femmes – de plus en plus nombreuses – qui n'ont pas la chance de pouvoir être assistées de leur mère à la maison, sortent de la maternité après un séjour de 24 ou 48 heures, sans savoir comment s'occuper de leur bébé. Cette situation peut être cause de rupture au sein du ménage, de rupture sociale, et, en conséquence, de conditions de croissance catastrophiques pour un enfant. Mettre en place, en ville, des structures de périnatalité, éventuellement associatives, pour prendre en charge les mamans, mères de leur premier enfant ou non, devient urgent. Dans le département des Hauts-de-Seine, malgré tous nos efforts, nous n'y avons pas réussi. Nous devons nous occuper de ce problème.