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Intervention de Jean-Louis Borloo

Réunion du 27 janvier 2010 à 11h30
Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Jean-Louis Borloo, ministre d'état, ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat :

Vous demandez, monsieur Chanteguet, si nous n'aurions pas fait preuve de naïveté, en particulier vis-à-vis de la Chine. S'il serait naïf de se complaire dans le résultat de Copenhague, je vous demande cependant de relire la proposition française pour Copenhague, devenue proposition européenne et africaine. Vos commissions la connaissent bien puisque je suis venue vous la présenter, en recueillant d'ailleurs une certaine forme de consensus. Ce texte, que je vous transmettrai à nouveau, est assez proche du résultat, formellement imparfait, du processus. Or, rappelez-vous : je vous avais dit qu'il n'y avait pas une chance sur un milliard de parvenir à un accord de manière traditionnelle, connaissant la difficulté rencontrée pour recueillir à l'époque – un peu en force d'ailleurs – l'accord des vingt-sept en fin de présidence française.

Si je suis déçu s'agissant des États-Unis, je ne peux l'être concernant la Chine, mais également le Brésil, la Corée, le Mexique, le Japon ou encore l'Australie – même si ses représentants ont par la suite été battus devant leur Parlement. S'il y a pu y avoir naïveté, c'est peut-être de n'avoir pas assez défendu notre plan. Mais si l'euphorie française et l'emballement, heureux, des médias après un Grenelle consensuel ont pu conduire à penser que le résultat obtenu à Copenhague ne ressemblait pas aux attentes, l'écart par rapport au point de départ n'est pas si important.

Après Joseph Stiglitz, qui a appelé à un renforcement de la régulation du système financier international, les Allemands, ce qui est une bonne nouvelle, ont déclaré s'associer, monsieur Pancher, à la réflexion sur toute une série de nouveaux indicateurs pour le PIB. Le Conseil économique, social et environnemental français s'est saisi de la question.

Monsieur Taugourdeau, concernant la contribution énergie-climat et l'instauration d'un mécanisme d'inclusion carbone (MIC) aux frontières de l'Europe, cela n'aurait pas de sens d'instaurer, pour un même groupe sidérurgique qui dispose d'une unité en France ou en Italie et d'une autre en Extrême-Orient, un quota d'émission pour l'une et pas pour l'autre. Notre problème est de « placer le curseur » en prenant à la fois en compte la compétitivité et l'évolution climatique, mais cela ne doit pas pour autant être compris comme un fardeau. Toute activité économique qui réduira ses intrants sera, dans tous les secteurs, gagnante à terme. Ce qui est en jeu, c'est donc plutôt la vitesse de la mutation, la définition des éléments de substitution ou encore l'accompagnement des mesures.

S'agissant de l'initiative en faveur de la forêt, messieurs Havard et Paternotte, son financement atteindra d'abord 10 milliards de dollars par an jusqu'à 2012 pour monter progressivement à 100 milliards. Les 10 premiers milliards relèveront d'un financement budgétaire, mais une étude a été confiée au Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, et à Gordon Brown pour permettre également, avec notre accord total, des financements innovants.

À cet égard, je ne connais pas, monsieur Plisson, la date du 20 janvier que vous avez citée, mais celle du 31 janvier pour la notification à l'ONU des engagements de chacun. A ce jour, nous connaissons la contribution précise de l'Europe et de la Norvège, nous avons un ordre de grandeur de celles du Brésil et des Etats-Unis, et nous attendons celles du Japon et de la Chine. On peut penser que l'on y parviendra courant février. Il n'y a pas en tout cas urgence puisque, dès 2010, les premiers 10 milliards de dollars doivent être dépensés.

Madame Gaillard, on peut aujourd'hui distinguer deux catégories parmi les pays producteurs de pétrole. Dans la première, figurent ceux qui craignent que trop d'énergie renouvelable n'entraîne une baisse des besoins énergétiques. Il ne faut pas, à cet égard, tomber dans la naïveté en s'arrêtant aux déclarations faites en réunions plénières : les plus révolutionnaires ne sont pas toujours les moindres des exportateurs de pétrole… La seconde catégorie regroupe une autre génération de pays exportateurs, tels les Émirats arabes unis, qui, au contraire, jouent à fond les énergies renouvelables, estimant que leur mode de développement fondé sur le pétrole aura un terme et qu'ils doivent donc essayer de devenir les leaders des énergies alternatives. Le ministre algérien de l'environnement, Cherif Rahmani, s'est ainsi révélé un acteur très engagé à Copenhague bien que dans son pays la rente pétrolière et gazière donne un poids décisif au ministre des hydrocarbures. Les choses bougent donc de façon positive dans les pays pétroliers.

Concernant, enfin, l'après ONU, les différentes propositions devraient permettre d'y voir plus clair d'ici deux ou trois mois.

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