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Intervention de Pascal Deguilhem

Réunion du 4 février 2010 à 9h30
Service civique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascal Deguilhem :

Monsieur le haut-commissaire, madame la présidente de la commission des affaires culturelles, mesdames les rapporteures, nous le savons depuis quelque temps, de nombreux jeunes sont en mal de repères, mais beaucoup manifestent aussi un très fort désir de s'investir, de s'engager pour une cause, pour les autres tout simplement, ou ont le sentiment que c'est dans un environnement social au sein duquel se transmettent les valeurs que l'on se construit soi-même.

Il est de notre responsabilité, en tant qu'élus de la nation, de nous tourner vers notre jeunesse dans la diversité de ses parcours, de lui faire confiance et de lui proposer une politique ambitieuse afin que, dans cet environnement social, elle puisse trouver sa juste place. C'est le sens de cette proposition de loi. C'est un début de réponse aux besoins de notre jeunesse et de la société, un modeste début cependant.

Le service civique peut être, doit être pour notre jeunesse l'occasion de s'engager au service d'un projet collectif au nom de l'intérêt général et des principes de la République. Le service civique est une chance pour nos jeunes et notre société. Et si sa mise en oeuvre se fait dans de bonnes conditions, en particulier pour les temps de sensibilisation, et avec les moyens nécessaires, il prendra assurément place dans le parcours de nombreux jeunes.

Il permettra un réel apprentissage de la vie en communauté et une prise de conscience par les jeunes de leur appartenance à la nation française. Cette étape sera également l'occasion pour eux de prendre conscience qu'être citoyen, c'est partager un destin commun, des droits et des devoirs. Nous ne devons pas laisser s'affaiblir l'éducation au civisme et à la citoyenneté. Il est temps de la remettre à l'ordre du jour de manière saine et constructive, et l'accompagnement des jeunes dans le service civique est à ce titre essentiel.

Apprendre à vivre ensemble, dans le respect de l'autre, dans le respect de la différence, dépasser les individualismes, telle est également la vocation de ce service civique. Avec la famille et l'éducation nationale, il revient à l'État de faire vivre ces valeurs.

À travers le service civique, les jeunes doivent être mobilisés pour des missions véritablement utiles, par lesquelles ils pourront mesurer concrètement leur apport. Le service civique sera un temps de vie consacré à l'intérêt général. Ce temps doit être mis à profit pour former des citoyens éclairés.

Une partie de ce temps doit également permettre d'accompagner les jeunes vers le monde professionnel. Sans remplacer les lieux de formation scolaire, universitaire, ou d'apprentissage, il s'agit de transmettre les notions essentielles pour comprendre et intégrer le monde du travail et la vie citoyenne. Cela passe par un accompagnement individualisé qui prenne en considération le parcours de chacun, mette en évidence les compétences et motivations décelées initialement mais confortées au cours de l'expérience, et permette de renforcer les chances de chaque jeune de trouver une formation ou un emploi – pourquoi pas ? – à l'issue de son engagement, non pas nécessairement en lien avec le lieu d'accueil de la mission ou son objet propre, mais grâce au capital de confiance acquis, facilitant ainsi une insertion dans le monde des adultes.

Pour attirer les jeunes, le service civique ne doit pas être un engagement par défaut, et il doit être valorisé dans les parcours individuels. Même si l'engagement désintéressé est le socle du dispositif, les volontaires méritent d'être reconnus pour les valeurs qui les portent. En effet, un tel engagement pour la société ne peut être aujourd'hui demandé aux jeunes sans que leur soit apportée la garantie que leur effort sera reconnu. Les formations de l'enseignement supérieur, par exemple, doivent favoriser cette prise d'initiative en facilitant la disponibilité des jeunes.

La semestrialisation du LMD ouvre d'ailleurs de réelles perspectives susceptibles d'attirer de nombreux étudiants dans le dispositif. Combien d'étudiants se retrouvent au cours de leur parcours universitaire avec un semestre à vide ? Assurément, l'engagement dans une mission de service civique ne viendra pas se télescoper avec le temps d'enseignement.

La période effectuée en service civique doit donc donner lieu à une valorisation des acquis de l'expérience ou ouvrir droit à des crédits ECTS.

La réussite du service civique passera – nous en sommes convaincus mais il faudra en convaincre d'autres – par une implication déterminée du monde scolaire, du monde universitaire et du monde de la formation professionnelle.

Je citerai un exemple que je connais bien : les jeunes officiels de l'Union nationale du sport scolaire. Ces 90 000 jeunes officiels, jeunes arbitres, issus du million de licenciés sportifs scolaires, ne sont, bien que recevant une formation, ni reconnus ni valorisés. Ils le seront, à n'en pas douter, dans des missions liées au développement des pratiques, aux politiques de quartiers ou d'animation.

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