Madame la députée, la question que vous posez, de même que la suivante, est au coeur des choix que nous avons à faire, au-delà de l'île de La Réunion, en matière de lutte contre un certain nombre de difficultés biologiques. Soit nous nous engageons sur des moyens biologiques – c'est le choix qui a été fait avec l'introduction de la mouche bleue –, soit nous en restons à des moyens chimiques, qui posent eux aussi des problèmes environnementaux importants. Toute la difficulté est donc d'arriver à trouver le bon équilibre, pour lutter contre les insectes ravageurs, entre la solution chimique et la solution biologique. Or on voit bien que la seconde n'est pas forcément idéale.
Comme vous l'avez indiqué, nous avons introduit la tenthrède, ou mouche bleue, en 2008 sur l'île de La Réunion pour lutter contre la vigne marronne et pour essayer de recourir à un moyen de lutte biologique plutôt qu'à une méthode chimique. Je constate que cette introduction suscite légitimement des craintes, notamment au sujet des récoltes, de la pollinisation et du butinage. Je tiens donc à vous apporter des précisions.
D'abord, les études de terrain ne montrent pas de réelle différence de pollinisation entre les zones de l'île où la mouche bleue est présente et les autres. J'ai demandé au préfet et au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement de mener une série d'expérimentations en plein champ et sous serre pour comparer et quantifier de manière encore plus précise la fréquentation des fleurs de litchis et de baies roses par la tenthrède et les abeilles, en fonction de la réalité des populations de tenthrède. Ainsi, nous disposerons de l'examen le plus scientifique et le plus exact possible sur les risques en matière de pollinisation.
Ensuite, je vous annonce que je viens de donner mon accord pour qu'une nouvelle mission d'expertise sanitaire et de soutien à la filière apicole de l'île de La Réunion puisse être très rapidement organisée en faisant appel aux meilleurs spécialistes de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments, l'AFSSA, et de l'institut scientifique et technique de l'abeille, que nous sommes en train de créer et qui permet justement de soutenir la filière apicole. À cet égard, je tiens comme vous à saluer la qualité de l'apiculture sur l'île de La Réunion.
Pour le moment, les études scientifiques dont nous disposons démontrent deux choses. Premièrement, la mouche bleue ne constitue pas une menace pour l'agriculture et l'environnement. Deuxièmement, ses larves s'attaquent spécifiquement aux racines de la vigne marronne et sont donc d'une grande efficacité pour lutter contre celle-ci. Cet avis est, je crois, partagé pour tous, y compris par les apiculteurs. En moins de deux ans, les deux tiers des pieds de vigne marronne ont été détruits et, aujourd'hui, on observe peu de tenthrèdes adultes.
Pour résumer ces conclusions, d'une part, on constate une réelle destruction de la vigne marronne ; d'autre part, la présence sur l'île de la mouche bleue ne se poursuit pas quand elle atteint l'âge adulte. Par conséquent, du point de vue de l'efficacité, les observations sont plutôt rassurantes.
Toutefois, je vous confirme que nous mènerons davantage d'expertises sanitaires. Nous étudierons le soutien qui peut être apporté à la filière apicole de l'île de La Réunion. Enfin, nous nous assurerons que l'insecte ne constitue une menace ni pour l'agriculture, en ce qui concerne la production de litchis et la filière apicole, ni pour l'environnement. Nous poursuivrons et renforcerons la mise en oeuvre de la décision que je vous ai annoncée ce matin. Des études scientifiques seront conduites à cette fin.