Heureusement, nous n'exportons pas d'électricité en Chine !
Lorsqu'une ligne tombe, il peut y avoir un effet de dominos – un tel incident s'est produit en Allemagne –, c'est-à-dire que l'ensemble du réseau peut basculer. Là réside la fragilité de la région PACA et de la Bretagne. On n'est pourtant jamais en bout de ligne dans un réseau maillé. Or il s'agit là d'un réseau dont la topologie est différente, d'un réseau arborescent. Dans ce cas, si l'on est derrière la feuille du réseau, la ligne est coupée.
Troisièmement, la vulnérabilité de notre système électrique provient d'une trop forte demande d'électricité due à la promotion du chauffage électrique au détriment d'autres modes, pour rentabiliser la filière nucléaire, qui a bénéficié de nombreux investissements depuis trente-cinq ans. Cette dépendance oblige la France, pendant les pics de consommation – nous en connaîtrons peut-être un ce soir –, à atteindre les limites du système en matière de production, de transport, de répartition et de distribution, à risquer le black-out, comme nous l'avons vécu en 2009 et en 2010, et à surinvestir dans les infrastructures de production ou de transport pour seulement quelques jours par an.
Ce débat doit donc nous éclairer sur les moyens de « dévulnérabiliser » le système électrique français, au vu de ces trois risques. À cette fin, nous devons élaborer un plan d'urgence visant à faire face aux conséquences des aléas climatiques ; évaluer la capacité de résistance des réseaux de production, de transport et de distribution ; évaluer le coût et la faisabilité de l'enfouissement des lignes – ce qui peut être une solution partielle ; étudier l'impact sur la santé et l'environnement des lignes à très haute tension – qui est aujourd'hui l'objet de polémiques ; réorienter notre production d'électricité vers plus de décentralisation et de diversité – je pense bien sûr aux énergies renouvelables ; enfin, tenter, par des mesures drastiques, de réduire significativement notre consommation d'électricité.
J'ai déjà indiqué les six conditions de « dévulnérabilité » du réseau électrique. Je vais maintenant me concentrer sur l'une d'entre elles : la réduction de la consommation. Ma critique portera essentiellement sur le chauffage électrique, qui a fait l'objet d'une politique constante de la France, concomitante au lancement du programme électronucléaire français, il y a environ trente-cinq ans, au moment du premier choc pétrolier, sous le gouvernement Messmer. La France a investi, depuis cette époque, environ 400 milliards d'euros. Je le dis en regardant M. Lenoir, cela a été, d'une certaine manière, une réussite industrielle…