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Intervention de André Chassaigne

Réunion du 20 janvier 2010 à 16h15
Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

Monsieur le directeur, vous avez présenté l'AFD comme un vecteur de l'influence française et justifié son intervention de manière surtout utilitaire. Elle aide, avez-vous dit, à ce que la France pèse davantage dans les négociations internationales. J'aurais songé à des motivations plus éthiques de votre action, s'agissant de choix essentiels pour l'avenir de la planète. Or vous vous êtes plutôt exprimé en banquier au service de la diplomatie française.

Dans ses décisions de prêts, l'AFD s'appuie-t-elle sur les travaux de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) ?

S'agissant de la forêt, on a bien senti à Copenhague que le texte était quasiment bouclé et qu'il devrait être finalisé dans les mois à venir. Mais ce qui n'a pas été décidé, ce sont les modalités d'intervention. Pour vous, quelles contreparties doit avoir l'aide apportée aux pays qui possèdent encore de vastes forêts, formidables puits de carbone ? Vous avez par ailleurs indiqué qu'un « mixage » des fonds était nécessaire, avec l'apport de capitaux privés. Dans votre esprit, cela signifie-t-il que certains pays – les États-Unis ont ce projet – pourraient acheter des crédits carbone pour accompagner la gestion forestière de pays comme ceux du bassin du Congo en Afrique, et les utiliser en contrepartie du maintien chez eux d'activités fortement polluantes ?

Le « mixage » des fonds supposant de faire largement appel aux banques, la recherche de la rentabilité financière ne risque-t-elle pas de l'emporter sur l'intérêt général pour l'avenir de la planète, qui passe par la préservation des puits de carbone que constituent les forêts ? Au-delà, n'y a-t-il pas un risque d'écarter les populations autochtones qui, pourtant, par une gestion ancestrale de la forêt, avaient réussi jusqu'à il y a peu à préserver les écosystèmes ? Les ravages causés aux grands espaces forestiers, avec les conséquences catastrophiques que l'on connaît, ne sont pas de leur fait, mais de celui de grands groupes représentant d'importants intérêts économiques. Ne risque-t-on pas d'accentuer les déséquilibres actuels en servant les intérêts financiers de ces groupes, au détriment de l'humain, lequel devrait pourtant prévaloir ?

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