La question du statut est essentielle pour la qualité de la distribution des soins de nos établissements. Nous sommes soumis à un assaut de critiques. Notre statut, avec ce qu'il peut représenter de garanties pour la pérennité de chaque carrière et de sécurité pour l'exercice d'une profession qui comporte souvent de hauts risques, serait un handicap pour la dynamisation et la remise en question régulière des missions entre établissements. Il est même fait parfois mention de blocages liés à cette garantie statutaire.
Si nous-mêmes et les décideurs publics continuons à souhaiter que l'hôpital reste, au coeur de notre système de santé, un moteur de performance pour la distribution des soins et l'accès à ceux-ci de nos concitoyens – en particulier les plus défavorisés – nous devons nous pencher sur la démographie médicale.
Les insuffisances que celle-ci comporte déjà dans la plupart des disciplines sont appelées à se développer. Actuellement, le sous-effectif des praticiens hospitaliers, qui varie selon les disciplines et les régions, est en moyenne de 20 %. Depuis quelques années, il ne cesse de s'accroître.
Comment rénover l'attractivité d'un corps professionnel composé en majorité de praticiens au moins quinquagénaires et entrant en fin de carrière ? Attirer les plus jeunes vers les carrières hospitalières est essentiel.
Aujourd'hui, de façon générale comme en matière de permanence des soins – cette mission fait partie des charges et des responsabilités des médecins hospitaliers – le différentiel des rémunérations avec le secteur libéral est dissuasif. Précariser le statut ou le contractualiser serait donc une erreur grave. Après les évolutions plutôt peu favorables de ces vingt dernières années, le statut a au contraire besoin d'être revalorisé. Il doit permettre le maintien de perspectives attractives de carrière, de sécurité d'emploi et de retraite – même si ce point n'est pas l'objet de la présente réunion, il est crucial. Ces éléments sont indispensables pour attirer à l'hôpital de jeunes praticiens, par ailleurs intéressés par le caractère stimulant et la qualité des tâches qui y sont proposées, la dynamique du travail en équipe, la prise de responsabilité. Les conditions aujourd'hui ne sont pas remplies. Une rémunération davantage contractualisée, établie sur la base d'indicateurs de performance, serait à l'opposé de la revalorisation nécessaire. Bien sûr, rien n'interdit que, ici où là, à la marge, des dispositifs complémentaires soient mis en place. Mais les dimensions de pérennité et de non-précarité du statut sont essentielles. Comme l'hôpital public n'aura jamais les moyens d'offrir les rémunérations contractuelles du secteur privé, et que nos jeunes collègues radiologues ou chirurgiens ne rencontreront aucune difficulté s'ils choisissent les cliniques privées ou le secteur libéral, la question du statut est au coeur des mesures à prendre en faveur de l'hôpital public.