En matière de bonnes pratiques, il faut d'abord faire confiance aux salariés. Des expériences engagées ici où là méritent bien sûr d'être mutualisées, ou au moins mises en valeur. À cette fin la concertation avec les salariés doit être dynamisée dans les établissements : qui sait mieux qu'eux comment organiser le travail au sein des services ? Il faut demander leur avis sur ces expériences, qui doivent en outre être conduites en adéquation avec l'organisation médicale.
Quant à la convergence, nous ne savons pas aujourd'hui comment sont calculées les tarifications – et ce n'est pas faute d'avoir posé, à plusieurs reprises, la question. Autrement dit, nous ne connaissons pas le coût de production d'un soin dans le secteur privé ou le secteur public. Si nous savons que les facteurs – charges, salaires, conventions collectives – divergent, nous ne sommes pas en mesure de prendre en compte la formation du personnel, la qualité du soin, le temps de personnel requis. Les bases de comparaison ne peuvent pas non plus être les mêmes selon qu'un soin est effectué dans un service de semaine ou un service ouvert en continu à tous les types de public : la charge du service public entre évidemment en compte dans le calcul du coût de production de la santé.
Payer mieux les salariés n'améliore pas leurs conditions de travail. La souffrance au travail ne se résoudra pas par l'intéressement ou des augmentations de salaire, pour nécessaires qu'elles soient. Ce dont les personnels ont d'abord besoin, c'est de pouvoir venir travailler avec le sourire et d'appliquer ce qu'ils ont appris durant leur formation. Aujourd'hui, une infirmière diplômée qui sort de l'école s'est fait beaucoup d'illusions durant sa formation, et a rêvé d'un métier qu'elle ne peut pas exercer à l'hôpital. Le nombre des étudiants qui quittent la formation lors de la troisième année, celle où ils commencent à effectuer des stages dans les services, est particulièrement inquiétant : en découvrant l'hôpital, ils comprennent que ce n'est pas ainsi qu'ils veulent travailler ! L'intéressement n'y changera rien.
Nous avons déjà exposé nos propositions : obliger les établissements à revoir l'organisation du travail, en adéquation avec l'organisation médicale, faire participer à cette revue les équipes, qui connaissent le détail de leur métier et leurs besoins, et, en collaboration avec les partenaires sociaux, ouvrir un chantier sur la gestion prévisionnelle des emplois dans le territoire.