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Intervention de Jean-Philippe Cotis

Réunion du 19 janvier 2010 à 17h00
Commission des affaires sociales

Jean-Philippe Cotis, directeur général de l'INSEE :

C'est probable.

S'agissant des suites à donner au rapport, il faut convaincre l'essentiel de nos collègues statisticiens de la terre entière de s'intéresser à ce sujet et de faire ce qu'ils peuvent. Si les marges de manoeuvre sont faibles pour les pays en voie de développement, il y a des choses à faire pour les économies émergentes ; quant aux pays industrialisés, ils doivent pouvoir travailler ensemble.

L'INSEE et Eurostat vont animer un « parrainage », au sein duquel l'ensemble des pays européens a décidé de participer, pour mettre en oeuvre tout ou partie des recommandations du rapport.

L'OCDE, un des corédacteurs du rapport Stiglitz et avec qui nous collaborons très étroitement, va nous aider à couvrir le volet des pays émergents. Les pays en développement ne seront pas concernés, car c'est trop compliqué, je le répète.

Ces activités de coordination vont se poursuivre. Fin février, une réunion annuelle des statisticiens se tiendra à l'ONU.

Source d'inspiration pour nos collègues statisticiens, le rapport Stiglitz ne devrait donc pas rester lettre morte, mais avoir des conséquences concrètes en termes de production statistique, même si cela prendra beaucoup de temps.

Côté français, nous allons nous efforcer de nous inscrire dans cette filiation. Ainsi, nous publierons en 2010 une analyse des très hauts revenus, une étude sur les situations de mal-logement, une étude consacrée à l'évaluation du capital humain en France et un travail sur le « capital social », c'est-à-dire la richesse des liens sociaux et ses effets sur le bien-être. L'INSEE réalisera aussi une enquête sur le bien-être, autrement dit sur la qualité subjective attribuée au temps passé à diverses activités – ce qu'on appelle les « affects positifs et négatifs ». Nous interrogerons les Français sur ce qu'ils aiment et n'aiment pas, et cette enquête fera partie d'un ensemble plus vaste consacré à l'emploi du temps des Français.

Capital humain, capital social, capital logement sont autant de préoccupations en phase avec l'approche du rapport Stiglitz et que nous allons explorer dans les deux années à venir.

Par ailleurs, nos collègues statisticiens du ministère de l'environnement organiseront, le 20 janvier, une grande conférence nationale sur les indicateurs du développement durable, qui s'inscrivent aussi, à de nombreux égards, dans la filiation du rapport Stiglitz. Il y a, bien sûr, de grandes ambitions dans le domaine du développement durable, avec un projet d'évaluation du contenu en polluants des différents postes de la demande finale. Il s'agit d'évaluer le contenu de la consommation des ménages en polluants, de l'investissement des entreprises, etc., toute une série de travaux qui seront importants et dont on attend de bons résultats.

Dans le domaine des statistiques sociales, nous voudrions aboutir à un suivi régulier du « mal-logement », donnée très utile.

En conclusion, la dernière fois que de grands économistes ont rencontré des comptables nationaux ou des statisticiens, c'était après la guerre. L'idée était alors de créer les fameux comptes nationaux, nécessaires à la conduite des politiques keynésiennes. Aujourd'hui, une pléiade de prix Nobel d'économie nous explique qu'il faut faire quelque chose de plus et qu'il convient de mesurer le bien-être et la soutenabilité du développement. Cela va contribuer à améliorer l'intérêt au travail des statisticiens, ce qui n'est pas négligeable !

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