Je ne voudrais pas rester sur un malentendu avec M. de Carolis, qui a déclaré « s'inscrire en faux » contre mes propos sur le financement du plan de départs volontaires. L'exactitude de ses propos est la seule exigence à laquelle la Cour est tenue : j'ai seulement dit que le coût en serait élevé et qu'il n'avait pas fait l'objet d'un chiffrage distinct dans le plan d'affaires. C'est désormais chose faite !
Rien n'est plus insupportable de la part d'un auditeur qu'une posture d'imprécateur. Nous avons toujours eu le souci de ne pas nous comporter comme tels, et je vous remercie d'avoir souligné la qualité de nos relations. J'ai senti le regard de Mme Chabot peser sur moi quand j'ai parlé de l'information mais, à aucun moment, nous n'avons cherché à « épingler » ou à provoquer. Nous avons pleinement conscience de l'extraordinaire difficulté de l'exercice auquel les dirigeants de France Télévisions se livrent. Nous ne voulions à aucun prix entraver leurs efforts en courant le risque de laisser filtrer des informations qui n'auraient pas été soumises à la procédure contradictoire. Nous avons veillé à ce que tous les travaux provisoires de la Cour puissent être discutés par France Télévisions, chiffre à chiffre et ligne à ligne, de façon à pouvoir publier un rapport incontestable dans ses constatations.
Même si l'entreprise a été attentive à nos recommandations, nous savons que certaines d'entre elles ne seront pas suivies, soit parce qu'on ne veut pas qu'elles le soient, soit parce qu'elles ne sont pas jugées bonnes. Que le président de Carolis ait souligné tous les points qui ont été mis en oeuvre est déjà pour nous une source de satisfaction car notre objectif est bien d'aider. C'est aussi la raison de notre prudence à l'égard de tout ce qui touchait à la paix sociale. Les auditeurs savent qu'ils ont le beau rôle et qu'ils ne sont pas à la place des responsables de l'entreprise, ni même de l'administration, si bien qu'ils ont été très attentifs à peser les mots qu'ils ont utilisés pour décrire la situation sociale de l'entreprise et à ne rien faire qui aurait pu troubler la négociation.
Pour en revenir à ce que disait Mme Chabot, nous avons relevé que des économies – qualifiées peut-être inutilement de « modestes » – avaient été faites sur les soirées électorales et nous avons constaté que la mutualisation des moyens techniques était en progrès. Nous ne sommes plus au temps où un journaliste pouvait prendre un avion privé pour se rendre plus vite sur place, comme on l'a vu lors de la mort du président Sadate. La gestion quotidienne de l'information a montré que les responsables tenaient leur budget. Nous avons seulement souligné deux points qui semblent mériter l'attention de tous.
Premièrement, il est singulier que l'on ne soit pas plus précis, plus volontariste dans la présentation des objectifs de l'information dans le service public, alors que cela a été imposé à TF1 dans le cadre de sa convention avec le CSA. Sans doute l'exercice ne va-t-il pas de soi, mais s'interroger sur ce que peut être une stratégie de l'information – sa ventilation entre les antennes, entre les genres, sur une longue période –, a sa vertu. À cet égard, je me réjouis, madame, que vous ayez utilisé les tableaux que nous avons fournis sur les coûts horaires de l'information et leur évolution, parce qu'ils sont intéressants, même s'ils ne disent pas tout. Ils offrent aux responsables, qui ont aussi un rôle managérial, l'occasion de s'interroger. La Cour a pu mesurer les contraintes en matière de mutualisation.
Mais, et c'est le deuxième point, il ne faut pas perdre de vue le fil rouge de la dernière partie du rapport. Parce que l'information est au coeur du service public, de son identité, elle mérite que l'on s'y intéresse en termes de contenu et d'objectifs, mais aussi que l'on s'interroge sur ce qui la distingue par rapport aux chaînes concurrentes. La réponse ne va pas de soi et la vertu consiste parfois à se poser des questions. Si ce rapport y a contribué, nous n'aurons pas perdu notre temps.