La nature ayant horreur du vide, avez-vous dit, la religion arrive comme un substitut lorsque le politique et ses institutions connaissent une défaillance. La montée des religions et des intégrismes ne traduit-elle pas aussi une crise de la notion de progrès et, plus généralement, de la philosophie des Lumières, ainsi que la réticence de certaines cultures à adopter les conceptions institutionnelles des Occidentaux ? Quelle peut être l'attitude d'un pays laïque comme le nôtre face à ces phénomènes ? D'un point de vue sociologique, la religion ne constitue-t-elle pas une réaction à la désacralisation et à la temporalisation de la société ?
L'Europe n'a pas souhaité inscrire dans sa Constitution la moindre référence à son histoire religieuse. Elle n'a pas osé dire qu'elle s'était construite sur une tradition judéo-chrétienne. Et la vitalité de certaines religions, y compris chrétiennes avec le développement des courants évangélistes, ne trouve-t-elle pas son pendant négatif du côté du catholicisme ? Comment analysez-vous cela ?