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Intervention de Bernard Kouchner

Réunion du 22 décembre 2009 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes :

Nous y travaillons. Si cette mesure est prise pour aider la population, elle est bienvenue. Mais, si, à l'heure des négociations avec les Chinois ou les Japonais, elle était interprétée par les Nord-Coréens comme le signe d'une ouverture politique, ce serait une très mauvaise décision. Par conséquent, je considère qu'il serait mal venu d'afficher dans ce domaine une position outrancière. Si l'on peut aller dans tous les pays du monde, il faut rester prudent lors de certaines visites. Le regard qu'a porté Jack Lang sur l'évolution de la Corée du Nord, surtout par rapport à la Corée du Sud, est intéressant, ce que lui ont dit les dirigeants est a examiner avec attention. On peut aussi se rendre en Birmanie, comme le demande Mme Aung San Suu Kyi. Les Américains l'ont fait, d'ailleurs.

Monsieur Boucheron, la mesure que vous avez citée concerne bien entendu le territoire israélien, et non les territoires occupés – encore que les limites de l'État d'Israël soient difficiles à déterminer précisément. Loin de nous l'idée de nous impliquer sur ce point à Gaza, par exemple. Reste qu'il faudra être vigilant sur la manière d'appliquer un tel accord.

Monsieur Glavany, vous regrettez, pour citer votre jolie formule, le « manque cruel d'Europe ». Mais l'accord des Vingt-sept, pendant toute la conférence de Copenhague, a été sans faille. Sous la présidence française, un accord avait déjà été acquis en vue de prévenir les changements climatiques. Le dernier Conseil européen a permis d'en conclure un autre pour déterminer notre marge de négociation, entre 20 % et 30 % de réduction des émissions : nous avons décidé de proposer le taux de 30 % et de le maintenir si les autres évoluaient. Et nous avons également conclu un accord sur le financement par l'Union européenne d'un quart de la somme de 10 milliards de dollars, en fixant déjà la répartition de l'effort entre les États membres – la France devrait contribuer pour 400 millions.

Loin de donner le spectacle d'une débandade déplorable, l'Union européenne a montré l'exemple. Elle s'est impliquée plus que tous autres dans la préparation du sommet. La présidence suédoise a tenté de faire connaître dans le monde entier – cela s'est révélé très difficile pour la Chine – les chiffres de réduction envisagés. L'attitude de l'Union a été appréciée partout. Si le sommet de Copenhague n'a pas été un plein succès, la faute n'en incombe pas aux Européens. Je rappelle que le document final prévoit un contrôle des émissions européennes, qui pourrait être étendu au monde sous l'égide de l'Agence, ou de l'Organisation, mondiale de l'environnement, et, pour l'heure, l'Europe est le seul continent à mettre en place un tel mécanisme. On veut toujours faire plus – je le souhaite aussi –, mais on ne doit pas sous-estimer le travail exemplaire qui a été accompli à cette occasion. Il n'y a eu aucune divergence entre les pays de l'Union au sommet de Copenhague. M. Brown, par exemple, a joué, avec nous, un très grand rôle à cette occasion, comme d'ailleurs les représentants de pays non européens tels que l'Éthiopie ou le Brésil.

Par ailleurs, pourquoi parler de débandade européenne en Afghanistan ? Rien ne sera fait, notamment par les Américains, avant mars. Les missions confiées à la France peuvent être assurées par l'effectif de soldats actuellement sur place. Nous verrons, le 28 janvier, lors de la conférence de Londres, à laquelle nous travaillons entre Européens, si nous pouvons faire mieux. Chacun est à la besogne, à commencer par les militaires. Vous connaissez les débats auxquels sont confrontés les ministres de la défense, en Allemagne, en Angleterre et presque partout. Cette conférence de Londres devrait nous permettre de parvenir à un document européen crédible. Nous y débattrons des quatre promesses de M. Karzaï, en essayant d'être le plus positifs possible sur les réalisations civiles auxquelles nous nous attachons.

Monsieur Julia, la médiation turque entre la Syrie et Israël est allée assez loin en effet mais, à la suite, semble-t-il, de critiques formulées par la Turquie sur la politique israélienne, elle a été interrompue. C'est pourquoi, lors de la visite de M. Bachar el-Assad, la France a proposé de jouer le rôle de médiateur, avec ou sans la Turquie. L'idée n'est pas abandonnée, bien que les discussions n'aient pas repris entre Israéliens et Palestiniens. La situation serait plus simple s'il n'y avait pas le Hezbollah. Israël et la Syrie ne sont pas seulement séparés par le plateau du Golan, mais par 20 000 missiles qui représentent une menace très claire. Aux Israéliens et Syriens de décider si les pourparlers peuvent reprendre sur les deux sujets. La proposition française reste sur la table. Par ailleurs, j'ai cru constater un infléchissement de la position d'Israël vis-à-vis de la Turquie.

Monsieur Remiller, il est vrai que les élections ont à nouveau été reportées en Côte d'Ivoire. L'échéance de l'automne dernier a été repoussée. La prochaine est fixée en février ou mars. Il y a que deux positions : les uns pensent qu'elles n'auront jamais lieu ; les autres, qu'elles seront organisées quand le Président Gbagbo sera sûr de les remporter.

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