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Intervention de Bernard Kouchner

Réunion du 22 décembre 2009 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes :

Madame Aurillac, s'agissant du Tribunal pénal international pour le Rwanda, tout dépendra des condamnations prononcées. Les faits remontent à 1994. Bien des gens n'ont pas été poursuivis pendant longtemps. Le silence s'est fait pendant cinq ou dix ans. Certaines poursuites – bien peu – ont été possibles ensuite. Mais il faudra du temps pour mener à bien le travail de mémoire que M. Christ a appelé de ses voeux. Beaucoup de personnes impliquées dans ces atrocités vivent tranquillement aujourd'hui, en ayant presque oublié le rôle qu'ils ont joué dans les événements. Ils s'indignent quand on les interroge à ce sujet. Ils invoquent un mouvement collectif – le peuple se soulevant contre une partie du peuple –, comme si cette participation collective au génocide, préparé et orchestré par quelques-uns, n'était pas un des plus grands drames de l'humanité.

Ce Gouvernement n'a cessé d'oeuvrer en faveur du travail de mémoire, qui sera très long. Des commissions doivent s'y attacher sur le plan juridique et sur le plan historique. Pour l'instant, cela n'a pas été possible, mais il a fallu des années pour que la commission « Vérité et réconciliation » achève son travail en Afrique du Sud. De même, au Rwanda – de beaux livres le disent –, il faut du temps, quand on est survivant, pour vivre à nouveau parmi ceux qui ont assassiné ses parents.

Monsieur Christ, le prochain sommet France-Afrique, dont le lieu reste à définir, a été reporté – à mai ou juin sans doute – pour de nombreuses raisons, notamment à cause de la participation du président el-Béchir. Notre pays est en effet un de ceux qui respectent les mandats et les décisions de la Cour pénale internationale. Mais nous trouverons une solution pour que cette réunion ait lieu.

Je partage votre sentiment, Monsieur Destot, à propos du sommet de Copenhague. Cela dit, s'il est possible que vingt pays trouvent un accord sur les problèmes financiers et économiques, il est beaucoup plus difficile que cent quatre-vingt douze États prennent des décisions à l'unanimité. Si les ONG, les collectivités locales et les Nations unies étaient prêtes, les États ne l'étaient pas. Comment auraient-ils brusquement pu trouver des fonds pour financer le développement quand ils n'y sont parvenus depuis trente ans que dans une très faible mesure ? Espérait-on trouver, par magie, de l'énergie pour l'Afrique ? L'unanimité étant requise, puisque la réunion se tenait sous l'égide des Nations unies, il n'y a même pas eu de vote lorsque les pays qui ont rédigé le document final se sont adressés à la salle – la Conférence s'est bornée à « prendre note ». Il faut, bien entendu, recommencer sous de meilleurs auspices, mais le bilan n'est pas uniquement négatif. L'Europe, particulièrement la France, qui a montré sa détermination, n'a pas à rougir de sa conduite.

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