C'est tout à fait fortuit. Le président français, qui s'est rendu quelques jours auparavant à la conférence du Commonwealth, n'y a pas rencontré M. Kagamé. Au demeurant, celui-ci a bien le droit d'adhérer au Commonwealth. Cela ne l'empêchera peut-être pas d'adhérer un jour à la francophonie.
Mieux vaut, en tout cas, avoir des relations diplomatiques que n'en pas avoir.
Quant à la Guinée, la France n'a pas armé le bras de M. Tumba, lequel est aujourd'hui en fuite dans les rues de Conakry, poursuivi par M. Claude Pivi, l'une des trois personnes susceptibles d'appartenir à la catégorie des coupables de crimes contre l'humanité. Mon ministère a du reste publié un communiqué démentant « énergiquement » des « rumeurs absurdes » – mais était-ce vraiment nécessaire ?
Comme vous le savez, une bataille a fait de nombreux morts dans le camp militaire abritant M. Dadis Camara, dont M. Tumba était le chef des gardes du corps. Cependant, bien qu'il soit classique qu'un garde du corps se voie demander d'assassiner son patron, il s'agissait en l'espèce d'une dispute entre les deux hommes, M. Camara voulant faire porter sur M. Tumba tout le poids des faits aujourd'hui retracés dans le rapport des Nations unies. En fuite et réfugié dans la presqu'île, M. Tumba est poursuivi par le capitaine Pivi, qui s'est allié à Sékouba Konaté. La France n'est pour rien dans tout cela, sinon qu'elle proclame, comme les autres, son indignation devant un massacre qui restera comme l'un des pires de ceux qui jalonnent l'histoire du continent africain.