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Intervention de Thierry Mariani

Réunion du 8 décembre 2009 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Mariani :

Il faut trouver une forme de représentation alliant l'autorité du politique et la durée. Il n'en demeure pas moins que cette fonction de représentant spécial constitue un vrai progrès. Pour faire avancer un projet de coopération avec la poste afghane, par exemple, l'intervention d'un parlementaire a été plus utile que ne l'aurait été celle d'un chef de service de ministère.

Lors de mon premier déplacement en Afghanistan, en août, la première question que j'ai posée au général Mc Chrystal portait évidemment sur le calendrier de retrait envisageable. Il m'a répondu que l'armée afghane doit au préalable atteindre le niveau suffisant, ce qui nécessitera au moins trois ans. La situation n'est pas comparable avec celle de l'Irak, où il existe une vraie tradition militaire : ce pays, qui a livré une guerre à l'Iran, dispose de forces constituées et disciplinées. En Afghanistan, trois mois après avoir été formés, 20 % des effectifs désertent, car, pour des raisons culturelles, l'engagement y est vécu d'une façon différente de la nôtre : ceux qui partent ont simplement décidés de rejoindre leur famille et ce sans avoir conscience de trahir. De surcroît, la formation initiale est souvent très faible, au point que les militaires étrangers formant les policiers afghans doivent commencer par leur apprendre à survivre à leur premier engagement.

La police afghane est en réalité une force militaire déployée en zone rurale, c'est-à-dire une force proche de la gendarmerie française. Quand la force de gendarmerie européenne (FGE) a été mobilisée, il a tout d'abord été envisagé d'envoyer 150 gendarmes français, mais peut-être serait-il opportun de renforcer ces effectifs, qui contribuent utilement à la formation. La mise en place du dispositif dans le cadre de la FGE a été très compliquée, à cause de tiraillements avec les carabiniers italiens, qui entendaient bénéficier d'un statut d'antériorité.

Les coopérants français, au nombre d'une vingtaine, sont strictement sélectionnés. Ils ne sont pas envoyés de Paris en sortant d'école. Au contraire, ils ont une expérience afghane de plusieurs années : c'est en particulier le cas de la conseillère développement auprès de l'armée.

La réconciliation nationale, que MM. Karzaï comme Abdullah ont préconisée pendant la campagne électorale, sera l'une des questions clés de la conférence internationale du 28 janvier. Mais avec qui faut-il se réconcilier ? Il convient de distinguer, d'une part, les 5 à 8 % de partisans purs et durs d'Al-Qaïda, infréquentables et irrécupérables, et, d'autre part, les Pachtounes en conflit avec Hamid Karzaï. L'équipe du président Karzaï est, à cet égard, animée d'une volonté réelle, mais cette volonté doit être partagée des deux côtés. Or, pour la partie opposée, M. Karzaï apparaît trop inféodé à certaines puissances étrangères.

Les entreprises françaises sont effectivement absentes d'Afghanistan, en particulier dans notre zone. À propos du contrat non renouvelé concernant la base de Manas, le ministre des affaires étrangères kirghize m'a fait part de trois remarques éclairantes. Il comprend que, contrairement aux Américains, les Français ne puissent verser un loyer de 150 millions de dollars. Cependant, il regrette le manque de retombées économiques de notre présence pour son pays, indiquant que notre armée n'achète aucune fourniture sur place. Enfin, il invite la France à ouvrir complètement une ambassade et à y faire venir un conseiller économique afin de développer les échanges, même s'il faut reconnaître que la stabilité du marché n'est pas garantie.

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